Généalogie Charente-Périgord (GCP)

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  • La compagnie des deux cents Chevau-légers de la Garde ordinaire du Roi, qui datait de 1598, prenait rang après les Gendarmes et avant les Mousquetaires. Les Chevau-légers constituaient avec eux la Maison Rouge dont elle était la plus ancienne compagnie. Le Roi en était capitaine el figurait sur le rôle de la Compagnie. Elle comprenait deux cents cavaliers, y compris huit brigadiers, huit sous-brigadiers, quatre porte-étendard et quatre aides-majors de brigade. Il y avait, en plus, le capitaine-lieutenant, deux sous-lieutenants, quatre cornettes et dix maréchaux-des-logis parmi lesquels étaient choisis deux aides-majors, quatre trompettes et le timbalier.

    Pour être admis, il fallait être gentilhomme de nom et d’armes.

    Quand un gentilhomme se présentait, le généalogiste des Ordres (1) rendait compte de sa noblesse : il fallait justifier de cent ans de bonne noblesse paternelle. Le capitaine-lieutenant le présentait au Roi qui l’agréait. Le brevet lui était délivré par le capitaine-lieutenant, en son propre nom. Les surnuméraires ne recevaient le brevet qu’en devenant chevau-léger (2).

    Le règlement du 1er janvier 1741 exigeait, les mêmes preuves que pour Saint-Cyr en remontant jusqu’à cent quarante ans, un acompte de six cents livres sur l’habillement uniforme, l’obligation de servir pendant trois mois comme surnuméraire (3).

    Le capitaine-lieutenant donnait à chacun d’eux le litre de Monsieur mon Compagnon et il terminait sa lettre en mettant « votre affectionné serviteur ».

    Au XVIIIe siècle, ces capitaines furent les ducs de Montfort, de Chaulnes, de Picquigny, de Chaulnes et d’Aiguillon.

    Il y avait parmi les Chevau-légers beaucoup de Picards et d’originaires du Ponthieu. Louis XV disait à la fin de 1750 : « Le duc de Chaulnes a raison de mettre dans mes Chevau-légers des gentilshommes de sa province ils sont fidèles et me servent bien. » Nous avons relevé sur les contrôles un certain nombre de Périgourdins auxquels le même éloge pouvait être décerné.

    Les rôles de la Compagnie existent à partir de 1627, mais ils n’indiquent pas, pour la période antérieure à 1740, la province d’origine. Au cours des recherches effectuées de côté et d’autre, nous avons glané quelques noms de cette époque ancienne :

    Jean de Rouveron, écuyer sr du Mazeaupin (4), élève du collège de Brive en 1667, et dont la veuve, Charlotte Leber, se remaria avec Messire Jean Chancel de la Chalupie.

    François Durand de la Rolphie, écuyer sr de Bourgonniac, habitant du bourg de Bars, marié en 1678 à Sarrazac avec Odette de Vaucocourt, delle de Chasteau.

    Jean Lenoble, écuyer sr des Isles, marié en 1672 à Nontron avec Marie de Lapeyre, devenu ensuite sous-brigadier.

    Jean de Masfranc, écuyer sr de Longchamp, qui épousa en 1709, « à Pluviers en Périgord diocèse de Limoges », Marie Merlanjon, de la paroisse de Saint-Barthélémy.

    En 1677, entra dans la Compagnie François Alamigeon, de la Resnerie, paroisse d’Auriac de Bourzac (5), écuyer sr de la Cipière et de la Guillermie, né vers 1650, dont un ancêtre, Isaac Alamigeon, avait été l’un des deux cents gentilshommes de l’ancienne garde de Louis XIII. Fils de François, lieutenant au régiment de Montausier, et de Marguerite de Saint-Aulaire, François Alamigeon avait servi comme lieutenant en 1672 au régiment Royal-infanterie, puis en 1674 au régiment de la Reine. Après s’être distingué aux sièges de Courtray et de Fribourg, ses blessures l’obligèrent à se retirer en 1682. Il mourut en sa maison de la Tour-Blanche le 18 septembre 1747, à l’âge de cent deux ans. Marié avec Catherine de Testard de la Caillerie, le 21 janvier 1682, en l’église Saint-Grégoire de Léguillac de Lauche (6), il eut un fils, Joseph, et quatre filles (7).

    Vers 1678, fut admis aux Chevau-légers Gabriel de Giris ou de Giry, né en 1654, écuyer, sr de la Tourette, de Chastenet, du Mouly Raphary, du Pont du Vivier.

    Il devint maréchal des logis de la Compagnie. Il fut anobli en 1712.

    Un beau parchemin de 1719, tombé en notre possession par le hasard des ventes, fera connaître la vaillante carrière de Gabriel de Giris :

    Extrait des registres du Conseil d’Etat

    Sur la requête présentée au Roy étant en son Conseil, par la veuve du sr Gabriel de Giris écuyer sr de Chatenet, un des maréchaux des logis de la Compagnie des Chevau-légers de la Garde ordinaire de Sa Majesté, contenant qu’au mois de mai 1712 il plut au feu Roy accorder au mari de la suppliante des lettres d’anoblissement (8), en considération des services qu’il avait rendus pendant trente-cinq années, tant aux sièges d’Offenbourg et de Namur, aux combats de Leuze et de Steinkerque, ci la bataille de Nerwinde (9) où il reçut deux blessures, qu’aux batailles de Ramillies, d’Oudenarde et de Malplaquet (10), et quoique la suppliante ni ses enfants ne puissent appréhender d’être jamais inquiétés dans une noblesse qui est accordée sur des motifs si justes et si légitimes, néanmoins Sa Majesté, ayant par édit du mois d’août 1715 révoqué les anoblissements accordés depuis le 1er janvier 1689, moyennant finance ou autrement, à la réserve toutefois de ceux qu’elle jugerait à propos d’excepter en considération de services rendus à l’Etat, la suppliante a cru que pour lui assurer et a sa famille l’effet et la grâce portés par lesdites Lettres du mois de mai 1712, il était nécessaire que Sa Majesté eut la bonté d’expliquer ses intentions ; requérait à ces causes la suppliante qu’il plut à Sa Majesté déclarer qu’EIle n’a entendu comprendre dans la révocation portée par l’édit du mois d’août 1715 les lettres d’anoblissement accordées à Gabriel de Giris, son mari, pour les causes et motifs énoncés aux Lettres, vu lad. requête, les Lettres patentes du mois de mai 1712, l’édit du mois d’août 1715, ouï le rapport et tout considéré, Le Roi étant en son Conseil, de l’avis de Monsieur le Duc d’Orléans, régent, a déclaré et déclare n’avoir entendu comprendre dans la révocation portée par ledit du mois d’août 1715 les Lettres de noblesse accordées and. S. de Giris de Chatenet au mois de mai 1712, ce faisant Ordonne Sa Majesté que lad. veuve et ses enfants jouiront de l’effet desd. Lettres tant et si longtemps qu’ils ne feront acte de dérogeanee, sans qu’ils puissent être troublés ni inquiétés à ce sujet pour quelque cause et prétexte que ce puisse être. Et pour l’exécution du présent arrest toutes Lettres nécessaires seront expédiées si besoin est.

    Fait au Conseil d’Etat du Roy, Sa Majesté y étant tenu, à Paris, le vingt août mil sept cent dix-neuf.

    Phelypeaux.

    Gabriel de Giris de Chastenet était chevalier de l’Ordre de Saint-Louis.

    Le 18 septembre 1714, il fut enterré dans l’église de Saint-Vincent Jalmoutier (11). Son acte de décès, dressé par le curé Rochon et conservé aux archives de cette commune, lui attribue l’âge d’environ soixante ans et se termine par cette mention « Lequel demeurait à La Font du Vivier, paroisse de Saint-Privat des Prés (12). » Il s’y trouve désigné sous le nom de Giry de Chastenet.

    De son mariage avec Marie-Anne Bardon de Segonzac, il avait eu six enfants. Une de ses trois filles, Cathenne-Antoinelle, épousa en 1723 Bertrand de Sanzillon Mensignac.

    1729.
    Louis de Bridat de la Pradelie, sr de la Barrière, à Périgueux.
    Avait servi six années au régiment de Beaujolois comme lieutenant.

    15 avril 1735
    Jean Durieux ou du Rieux, écuyer sr de la Couture (13), présenté par M. de Fortisson.
    Fit les campagnes de 1743 à 1747. Blessé à Dettingen.
    Premier sous-brigadier, 9 août 1766.
    Nous avons noté un De la Couture, chevau-léger, ayant fait les campagnes de 1734-1735, mort à Château-Thierry le 9 avril 1743.

    16 décembre 1738
    Jean de Bridat, écuyer sr de la Barrière, proposé par Mr soit père.
    A été dix-huit mois cadet au régiment de Champagne. Second porte-élendard, 9 août 1766.
    Décédé, 8 novembre 1781.
    Son fils Jean, âgé de treize ans, fut admis surnuméraire aux Chevau-Iégers le 24 avril 1765.

    1740.
    Vers cette époque servait Louis-Ferdinand de Saint-Eloy de Rochon, de La Linde en Périgord, qui fit notamment les campagnes de 1744 à 46 et 48.

    De même, François de Puiffe sr de Fermigier, maréchal des logis, breveté mestre de camp, chevalier de Saint-Louis, décédé au château de Pensol le 18 juin 1751 (14).

    25 juillet 1743.
    François de Malet de Chatillon de la Jorie, baptisé le 14 mai 1710 à Cornille, fils d’Antoine chevalier sr Chastenet, de la Garde, etc. et d’Elisabeth de Beaupoil de Sainte-Aulaire.
    De la branche aînée des Malet.
    Avait été quinze mois cadet au régiment de lîrelagnecavalerie, et six ans lieutenant au régiment de Poitou-infanterie. Campagne de 1743.
    Adresse à la Grosle (Angoumois) et à la Jorie par Saint-Pardoux la Rivière.
    Campagnes de 1744, 45, 47, 48.
    Ayant fait la campagne de 1761 avec le détachement des chevau-Iégers, il reçut une des trois croix de Saint-Louis destinées au détachement (Souvenirs du marquis de Belleval, p. 65).

    25 août 1743
    Charles de La Roussie de La Pouyade, né en 1727 à La Pouyade par Saint-Pardoux la Rivière, « fils et petit-fils de M de La Poyade qui sont morts chevau-légers après avoir servi avec distinction dans la Compagnie ». (M. de La Pouyade père (15) mourut le 1er mai 1733.)
    Surnuméraire à Versailles, novembre et décembre 1744. Campagnes de 1745 à 47. De quartier en 1748. Servait encore en 1763. Chevalier de l’Ordre de Saint-Louis. Mort à 62 ans en 1789 et inhumé dans l’église de Saint-Angel. Il ne laissa que des filles de Suzane de Chasteigner de La Rocheposay (16).

    4 mars 1744
    Louis de Lamberterie chevalier sgr du Chaylard, à Ruffignand (17) en Périgord.
    Suivit le Roi dans la campagne de 1744. Fit les campagnes de 1745-46, et fut fait prisonnier à la fin de la dernière. Campagnes de 1747-48.
    Décédé le 14 janvier 1700.

    24 avril 1744
    Jean Le Blanc écuyer sr de Saint-Just, à Périgueux, né le 1er août 1718 et baptisé le 7 à Saint-Just, paroisse de Brouchaud (18), fils d’Antoine et de Marie de Bancs.
    Campagnes de 1745 à 47. De quartier en 1748.
    Brigadier, 5 juin 1785 capitaine de cavalerie. Réformé avec brevet de mestre de camp, 1er octobre 1787.
    Chevalier de Saint-Louis, 26 mai 1770.
    Mort à Quiberon avec son fils Pierre-Nicolas, qui servit lui aussi aux Chevau-légers de la Garde (1773-1778) avant de devenir garde du Corps du Roi a la Compagnie de Luxembourg (19).
    Il avait épousé le 24 novembre 1751 Marguerite d’Alesme de Vige et eut pour fils Nicolas, né au repaire noble de Vige, paroisse de Sorges, le 23 octobre 1764, et marié en 1783 à Serges avec Françoise-Madeleine Levallois, originaire de l’île de Saint-Domingue, morte en 1787.

    28 novembre 1744
    Henri de Chambon baron de Lissac sgr de Cendrteux, à Périgueux.
    Campagne de 1746. Fait prisonnier dans la campagne de 1747, Campagne de 1748. Retiré, 23 février 1759, ayant obtenu une compagnie de cavalerie au régiment d’Henrichemont. Congé absolu, 16 avril 1759.

    1er avril 1750
    Louis de Testard de la Caillerie, né à Paris, paroisse Saint-Laurent, le 28 décembre 1734, fils de Bertrand et d’Antoinette-Françoise Pesne
    D’une famille du Périgord. Sa tante Calherine, née à Léguilhac de Lauche, fut reçue demoiselle à Saint-Cyr en 1700; trois cousines et sa jeune sœur Apolline-Antoinette y furent également reçues.
    Présenté, avril 1748. N’a point fait la campagne à cause de sa grande jeunesse.
    Se trouva à la tète des exercices de l’Hôtel, à Versailles. Mort, 9 lévrier 1763.

    1er juin 1750
    Jacques de Jay de Beaufort, de Barrière et de Malvi, né le 4 août 1731, fils de Pierre chevalier sgr de Beaufort et d’Elisabeth du Puy de Barrière, baptisé à Sainl-Front de Périgueux.
    Servit aux Chevau-légers jusqu’au 30 septembre 1787.
    Chevalier de Sainl-Louis, 24 juin 1775.
    Emigra à Coblence. Campagnes de 1792-93, comme fourrier major à la 1re compagnie noble d’ordonnance du Roi.
    Maréchal de camp, 14 avril 1815.
    Retraite de lieutenant-colonel, 5 juin 1816.
    Mort à Périgueux, paroisse de la Cité, 7 novembre 1823.
    Epoux delle de Paty.

    15 septembre 1751.
    Jacques Claude sr de Lenelle et de la Roderie, né le 4 décembre 1734.
    Enseigne aux Gardes-françaises.
    Congé absolu, 12 avril 1759.

    1er avril 1754.
    Louis-Marie-Anne de Talleyrand de Périgord, né à Paris, paroisse Saint-Sulpice, le 11 octobre 1738, fils de Daniel-Marie-Anne marquis de Talleyrand comte de Grignols, colonel du régiment de Normandie, brigadier d’année, tué au siège de Tournay en 1745, et de Marie-Elisabeth Chamillart.
    Retiré surnuméraire, 10 juillet 1756.
    Voir sa biographie aux Maréchaux de camp.

    19 avril 1754.
    Zacharie D’Amelin de la Sartie ou la Sarretie, né à Brive (Bas Limousin) le 22 février 1737, de Joseph et de Marie de Brounie.
    Présenté à Mgr le duc de Chaulnes, le 19 avril 1754.
    Fils unique. A perdu Monsieur son père.
    Présenté au roi le 3 juin 1754 et admis surnuméraire.
    Mort le 20 juin 1754.
    Son grand-père Jean d’Amelin seigneur de Rochemorin était viguier de Sarlat.

    3 juillet 1754.
    François de Tauzia, né à Saint-Martin de Flaujagues, diocèse de Bazas (20).
    Son grand-père, anobli en 1703, demeurait paroisse de Saint-Séverin, juridiction de Montravel en Périgord.

    25 juillet 1754.
    Louis Cosme comte de Beaupoil de Sainte-Aulaire, né en 1741 à Condat-sur-Vezère.
    D’après les notes de Clairambault, la famille était originaire de Bretagne et acquit la seigneurie de Sainte-Aulaire en Bas-Limousin. Louis marquis de Sainte-Aulaire, maréchal de camp, colonel du régiment d’Enghien-infanterie, tué au combat de Rumersheim (Alsace) en 1709, ne laissa qu’une fille mariée dans la maison d’Harcourt-Beuvron. Il y eut les branches de Lanmary, de Fontenilles, de Castelnouvel.
    Cosme fut présenté aux Chevau-légers par son oncle, aumônier de la Reine. Il commença ses exercices le 25 septembre 1754. Il se retira comme surnuméraire, par congé, le 5 mai 1757.
    Nous avons donne sa biographie aux Gardes du Corps (Cie de Villeroy) et dans la Chronologie des Maréchaux de camp, pages 88-90. La 1re Restauration le créa lieutenant général des armées du Roi.

    28 août 1754
    Jean de Constantin de Pechegut de Montégu, né le 18 juillet 1738, baptisé le 20 à Capdrot diocèse de Sarlat, fils de Pierre et de Marie de Saint-Clar.
    Présenté par M. de Laval, capitaine d’infanterie, lieutenant de roi de la place d’Aire.
    Arrivé à l’hôtel le 28 août 1754.
    Agréé de Mgr le duc de Chaulnes.
    Adresse de Mr son père à Monpazier.
    Il vota pour l’élection des députés de la noblesse aux Etats-Généraux. Du château de Marsalès en Périgord, il écrivit le 20 juillet 1791 pour s’offrir lui-même avec son gendre comme otages de Louis XVI (21). Il émigra deux mois plus tard et fit à l’armée des Princes la campagne de 1792.
    Chevalier de Saint Louis.
    Mort en 1826.
    Il avait épousé en 1702 Marie-Valérie de Paty de Luziers. D’où une fille, Marie-Thérèse, unie à J.-F. Deshoms de Favols.

    29 septembre 1754.
    Pierre-Paul de Méredieu d’Ambois de Naillac, né le 16 août 1737, baptisé le 17 à Saint-Front de Périgueux, fils d’Eymeric sgr d’Ambois, Borie Bru, etc., et d’Elisabeth de Vaucocour de Naillac.
    Avait eu deux parents, Pierre et Eymeric, anciens lieutenants au régiment de Cambrésis, reçus chevau-légers en 1720 et 1721.
    Présenté le 10 septembre 1754, proposé par M. de Teslard, a commencé ses exercices le 29 septembre.
    Retiré par congé absolu, 10 octobre 1759. Va en Russie « aïant eu une place d’écuyer de l’impératrice de Russie ». Rentré, fin novembre 1760, en conservant son rang. Rayé, n’ayant pas joint pour faire la campagne de 1761. Naillac fit alors différents voyages à Vienne, à Varsovie, en Suède, Danemark, Hollande et Angleterre, où il se lia avec Dumouriez en 1766.
    Conseiller d’ambassade à Vienne, en 1771. Il se trouva ensuite à Moscou. A la fin de 1776, le chevalier de Corberon, charge d’affaires de France en Russie, notait que le chevalier de Naillac, agent du Ministère des Affaires étrangères, roulait le monde avec 10.000 I. de pension, et qu’il envoyait au ministre « un tas de notes absurdes, mal digérées et recueillies à la hâte dans les sociétés » (22). En 1789, il se rendit à Venise, où le comte d’Espinchal, qui l’avait connu à Paris, le rencontra au mois de mai 1790 : « Je trouve ici établi depuis quelques mois le baron de Naillac avec son épouse. Ils étaient en Dauphiné, à Valence. Naillac y avait accepté la majorité de la garde nationale et en est parti depuis le massacre du marquis de Voisins, colonel d’artillerie et maréchal de camp. Quoique Naillac assure de la pureté de ses principes, cependant il ne passe pas à Venise pour être très pur, et je n’ai pas été contenl de ses raisonnements sur nos affaires (23). » Choisi par le Roi le 12 ou 13 juin pour remplacer Dumouriez, et connu de Marie-Antoinnette, le baron de Naillac ne fut qu’un instant ministre des Affaires étrangères. Quand il arriva à Paris, il ne put prendre possession de son poste, auquel avait été appelé, le 14 juin, M. de la Garde marquis de Chambonas. On l’envoya ministre à Gènes le 1er juillet, et il y fut remplacé le 18 décembre (24).
    Il commanda la garde nationale de Périgueux, vint à Marseille en juin 1793, passa en Toscane et à Naples. En 1797, il demanda sa radiation de la liste des émigrés.
    Une pension de 2.400 l. lui fut concédée le 24 mai 1803 pour 27 années de service.

    1er avril 1755
    Jean-Baptiste du Lau marquis d’Allemans, àgé de 15 ans à la Saint-Jean prochain.
    Présenté par M. le comte d’Allemans, rue Garancière près Saint-Sulpice à Paris.
    Arrivé à l’hôtel, 1er avril 1755.
    Retiré surnuméraire, 1er octobre 1756.
    Passé enseigne aux Gardes-françaises, 1759.
    A eu son congé absolu, 20 novembre 1760.

    Il y avait aux Chevau-légers, à la même époque, Charles de Gontaut de Monferrand, de Montréal (25), né en 1737, reçu à dix-huit ans, ayant cessé ses exercices le 11 septembre 1755 et pris son congé absolu le 5 avril 1757, rentré en 1707, chevalier de Saint-Louis, mort en 1787, et Jean de Gontaut de Montferrand, reçu à dix-sept ans, qui prit un congé absolu le 29 avril 1761 et se retira cornette au régiment de Crussol-cavalerie.

    16 mai 1755
    Jean de Calvimont, né le 29 janvier 1739 à Saint-Martial diocèse de Sarlat, fils de Jean chevalier qualifié seigneur et baron de Belcastel et de Saint-Martial, et de Marie-Elisabeth de Peyronenc de Saint-Chamaran.
    Proposé le 21 avril 1755 par M. Poinsonet, sous-brigadier des gendarmes de la Garde du Roi.
    Arrivé à l’hôtel le 16 mai 1755.
    Présenté au roi, 20 mai 1755.
    Son grand-père, Jean de Calvimont, avait été six ans mousquetaire du Roi en la 1re compagnie en laquelle ses trois frères servaient depuis plusieurs années en 1666.

    6 décembre 1755
    Henry de Tauzia de Monbrun, né le 21 avril 1740 à Longwy, diocèse de Trêves, dont le père, originaire du Périgord et seigneur de Monbrun en Dordogne, avait été major au régiment de Sassenage.

    7 avril 1757
    Nicolas-François-Camille de Lambertie comte de Torniolle, né à Nancy le 27 novembre 1739, fils d’un chambellan du roi de Pologne, petit-fils d’un capitaine des gardes du corps du même roi, arrière petit-fils d’un gouverneur de Nancy. Il appartenait à une maison originaire du Périgord qui s’était, dès le commencement du XVIe siècle, partagée en diverses bandes répandues en Guyenne, Poitou, Limousin, et alliée notamment aux D’Aydie et aux D’Abzac de Ladouze.

    2 avril 1758.
    Antoine-Joseph de la Romagèe marquis de Roncessy, du château de Filolie près Thiviers.
    Agé de seize ans, neveu de M. l’Evêque de Tarbes, proposé par le baron de Planeau, arrivé a l’hôtel le 2 avril 1758, ayant fait ses preuves le 25 juin 1758.

    1er février 1759.
    Hilaire de Vaucocourt, âgé de 28 ans, ancien officier d’infanterie, décédé le 20 octobre 1764.

    1er juin 1759
    François de Montozon chevalier seigneur de Puydegand et de Monchâteau né le 7 juillet 1731 et baptisé le 8 à Saint-Front de Périgueux, fils de François écuyer seigneur de Rimolas et de Puydegaud, et de Marie-Berthe de la Coste. Commence son service, 16 octobre 1759.
    Réformé, 1er octobre 1787.

    23 juin 1759.
    Charles Pasquel de Saint-Meymy, page de la Grande Ecurie, âgé de dix-huit ans.

    15 décembre 1760 ou 11 janvier 1761.
    Louis-Joseph de Pourquery, de Liorac, âgé de seize ans trois mois, né le 18 octobre 1743.
    Réformé, 1er janvier 1776.
    Il fut parrain le 3 décembre 1772 dans un baptême célébré à Périgueux, paroisse Saint-Front.

    6 avril 1761
    Jean de Boulède, de Bergerac, né le 27 février 1734, relire le 30 décembre 1770, et autre Jean de Boulède, âgé de dix-neuf ans, retiré le 12 novembre 1703.

    1er octobre 1762
    François du Rieu, né à Coursac le 10 juin 1749 (ou le 14 octobre 1747 selon d’autres documents), fils de Jean écuyer seigneur des Rives cl de la Couture, el de dame Antoinette de Gravier.
    Présenté par son oncle, il fut admis le 1er octobre 1762 (ou seulement le 18 août 1763).
    Il était pelit-fils de François du Rieu, écuyer seigneur de la Couture, successivement mousquetaire du Roi dans la 2e compagnie el gendarme de la Garde de Sa Majesté arrière petit-fils de Pierre écuyer, seigneur de Marsaguet, de la Couture et des Rives, gentilhomme de Sa Majesté, anobli au mois de juin 1653 pour les services importants rendus au Roi dans les mouvements du Périgord, et maintenu dans sa noblesse, en 1667. Pierre du Rieu était fils de noble Jean du Rien seigneur de la Couture et des Rives, et de Marguerite de Montmège, très proche parente de Jean de Souillac, Ve du nom, seigneur de Montmège, etc, capitaine-colonel des Cent Suisses de la Garde du Roi, lieutenant-général de ses armées, conseiller d’Etat, nommé chevalier des Ordres du Roi le 15 janvier 1652 el mourut en 1655 sans avoir été reçu.
    Il émigra en 1791 et se retira à Coblenz, où son fermier du Pont-d’En-bas, François Guimard, lui porta depuis le Périgord une soixantaine de louis d’or cousus « entre le bois et la futaine » dans chaque bouton de sa veste et de son gilet. L’académicien René Bazin a raconté dans La douce France la louchante histoire de celle odyssée à l’époque révolutionnaire.
    Il mourut à Marsaguet, commune de Razac-sur-l’Isle, le 16 mai 1812.
    De son mariage avec Claudine-Claire de Doenneraël, il avait eu huit entants. L’un d’eux, Joseph Charles, né à Coursac le 6 mai 1789, officier payeur, enleva un drapeau espagnol à l’affaire de Visillo le 8 juin 1823, comme nous l’avons signalé à l’époque du centenaire, le 28 mai 1923. Son petit-fils Philibert (1807-1890) a été conseiller général de Vergt. Son arrière petit-fils Alexandre, né a Saint-Martial de Valette le 27 septembre 1848, précepteur du duc de Vendôme, a été professeur à la Faculté libre de droit d’Angers où il fut le collègue de René Bazin il fut nommé en 1900 chevalier de l’Ordre de Pie IX.
    A la même date du 1er octobre 1762, son frère cadet Jean du Rieu de la Couture, né à Coursac le 16 janvier 1750 (ou 1752), fut présenté également par son oncle, mais il ne devait prendre rang qu’après l’âge de quinze ans « qui seront révolus le 16 janvier 1765 ».
    Celui-ci fut chevau-léger d’octobre 1765 à septembre 1787. Il eut rang de chef d’escadron et devint chevalier de Saint-Louis.
    Emigré lui aussi en 1791, il servit à l’armée des Princes, dans la 1re compagnie noble d’ordonnance, et à l’armée de Coudé, de 1795 à 1801, dans la cavalerie noble.
    Il mourut à la Couture en 1834.

    Furent inscrits surnuméraires : le 29 juin 1763, Gabriel-Isaac de Sollière, de Nanteuil, demeurant à Mareuil, et La Croix de Saint-Aulaire du Repaire, âgé de 21 ans, des environs de Mareuil; le 5 avril 1764, Jean de Briançon, 16 ans, du château de Perron, près Bergerac; le 12 mai, Jean-Geoffroy de Leymarie, 17 ans, page de la Grande Ecurie le 5 juin, Jean-Léonard de Clergeau, 21 ans, de Périgueux le 24 avril 1765, Jean de Bridat, de Périgueux, fils du brigadier; le 1er mars 1765, Jean Giversac de Nadal, 20 ans, de Bergerac, et Jean-Martin chevalier de Nadal, 19 ans, de Bergerac le 27 mars, Gabriel Rochon de Vormezelle de Queyssac, 16 ans, de Bergerac, élève de l’école royale militaire.

    16 juin 1764.
    Jean de Benoist de Manon, né le 3 décembre 1745, baptisé le 8 à Coursac, fils de Jean-Joseph chevalier seigneur de Manou et de Laubresset, el de dame Françoise de La Bonne delle de la Roche.
    Le 12 décembre 1769, il épousait à Périgueux, paroisse Saint-Front, Suzanne-Catherine de Roche delle de la Veixière.

    21 décembre 1765.
    De Regniac (Rignac) de Vassal, de Montignac-le-Comte, ayant servi dans les Gardes du Roi.
    La généalogie de cette famille mentionne Jean-Armand de Vassal Rignac, fils de Jean et d’Isabeau de Mirandol, demeurant au château de Rouflac, paroisse Saint-Pierre de Montignac en Périgord. Il fut l’un des 200 chevau-légers de la Garde du Roi et chevalier de Saint-Louis. De son mariage, en 1775, avec Marie-Claire d’Abzac de Limeyrac, ancienne élève de Saint-Cyr et sœur des célèbres écuyers, il laissa trois fils.

    11 juin 1767.
    Jean-Nicolas de Gratereau des Groges, né le 13 août 1751, baptisé à Saint-Pardoux de Mareuil (26), fils de Jean-Philippe chevalier sgr des Groges, lieutenant dans le régiment Royal-Carabiniers, et d’Anne-Radegonde de Marcillac (27).
    D’après Clairambault, il était petit-fils de Jean-Baptiste chevalier seigneur des Groges, Beaulieu, la Gotherie, lieutenant-colonel du régiment Royal-Carabiniers (28), chevalier de Saint-Louis, maintenu dans sa noblesse en 1716 sur titres remontant à 1543.
    Surnuméraire aux Chevau-légers jusqu’au 26 juillet 1773.
    Emigra en 1791 et servit à l’année des Princes et à l’armée anglaise.
    Les immeubles qu’il possédait sur la commune de Trélissac, deux métairies aux Maurilloux et le moulin du Mounard, furent déclarés biens nationaux et vendus aux enchères.
    Coinmissionné capitaine de cavalerie, 8 février 1797 avec rang du 1er janvier 1793.
    Chevalier de l’ordre de Saint-Louis.
    En 1789, il épousa Melle Jourdin de Rouffiac, près La Rochefoucauld (Charente).

    1768.
    Guillaume-Marie de La Rochc-Aymon. né le 27 juillet 1753 a Paris.
    Rang de capitaine de dragons en 1771. Mestre de camp de Belsunce-dragons, 1777. Aide de camp de Monsieur pendant l’émigration. Maréchal de camp, 28 novembre 1792. Lieutenant-général, 30 août 1814.

    2 avril 1769.
    Claude Grand de Luxolière, 17 ans, de Tintéliac (29).
    Surnuméraire jusqu’en 1770.

    1769.
    Jean Baptiste de Foucauld de Dussac, né le 26 octobre 1746.
    II était seigneur de Dussac, Vaux et autres places. Capitaine, 1780. Réformé, 1787. Emigré, 1791, il fit, la campagne de 1792 à l’armée des Princes, et celles de 1791 à 1801 à l’armée de Condé.
    Chevalier de Saint-Louis, 1796.
    Epousa en 1766 Marie de Lascoups delle du Cluzeaud, de la paroisse de Saint-Georges de Monclar.
    Mort en 1827.

    3 février 1776.
    Jacques de Vassal de Montviel, né le 5 décembre 1738 à Cadillac, diocèse d’Agen.
    Garde du Corps du Roi depuis le 2 juin 1756.
    Chevalier de Saint-Louis. Mort en émigration.
    Il avait épousé à Rions (Bordelais), en 1768, Melle de Raoul. D’où sept enfants dont trois fils. L’un d’eux, J.-B. François, émigré avec lui, fut plus tard député du Lot-et-Garonne, et mourut en 1853.
    Deux filles de Jacques de Vassal furent élevées à Saint-Cyr. Une autre naquit en 1785 à Razac en Périgord.

    28 novembre 1778.
    Estienne-Antoine-Marc-Richard du Tour, né a Bordeaux le 24 juin 1744, et son frère Joseph du Tour, né à Mauzac, diocèse de Périgueux, le 29 octobre 1747. Ils étaient fils d’Etienne-Marc-Antoine, écuyer, capitaine d’une compagnie de dragons blancs et commandant du quartier des Terriers Rouges à Saint-Domingue, et de Renée Sauvage.

    12 juin 1778
    Bertrand de La Brousse, né le 3 novembre 1762, baptisé le 15 décembre en l’église paroissiale Saint-Brice de Proissans, diocèse de Sarlat, fils de Pascal-François chevalier sgr de Messès, Barettes et La Combe, ancien mousquetaire de la Garde ordinaire du Roi, et de Louise de Salès.

    11 septembre 1784.
    Léonard-François de Belhade, né le 2 décembre 1770 à Cumond, de François chevalier sgr du Dezert el de la Motte, et de Anne d’Arlot de La Linde, petit-fils de Jean capitaine au régiment de Beauvaisis, arrière petit-fils de François. Ensuite servit dans la garde constitutionnelle de Louis XVI. Guillotiné à Paris le 3 juillet 1794, place de la Barrière du Trône, et inhumé au jardin de Picpus.
    Il avait épousé Melle Perier : d’où deux enfants (30).

    A cette liste, déjà longue, on pourrait encore ajouter Léonard Jarrige de La Morélie (31), écuyer sgr de Masvieux, baptisé le 1er décembre 1749 à Saint-Yrieix, mort a Liège le 22 mai 1793.

    De son mariage en 1780 avec Louise-Damienne de La Vergne, naquirent plusieurs enfants, notamment une fille qui épousa M. J.-B. Tenant de La Tour (32).

    Pierre de Gentil de la Faye (1746-1824), du village de la Faye, paroisse de Quinsac en Limousin, près de Saint-Yrieix.

    Paul de Manny, écuyer, chevalier sgr de Beaumont, de la paroisse de Charmant en Angouinois, marié en 1780, à Léguillac de Cercles, avec dame Jeanne Dumais.

    Philippe Cadiot de Saint-Paul, chevalier sgr d’Apremont, la Cotte, Juillaguet et autres lieux, marié en 1780, à Saint-Pardoux de Mareuil, avec Madeleine Gratereau delle de Laprade.

    Les Chevau-légers portaient un habit écarlate galonné d’or. Leur étendard, blanc, bordé d’or, représentait Jupiter foudroyant les géants cl portail ecllc inscription : Sensere gigantes.

    Les Chevau-légers avaient une brillante réputation. Ce sera toujours, observait le chevalier de Chabo en 1749, un escadron d’élite, très courageux, très bien monté et très bien exercé. Ils furent réduits à un demi-escadron le 19 janvier 1770, et supprimés le 30 septembre. 1787.

    Rétablis en juillet 1814, ils furent licenciés par la deuxième Restauration, le, 1er janvier 1816.

    Nous citerons parmi ces derniers, Pierre-Alphonse comte de la Roque de Mons, né à Bergerac, fils aîné du député de la noblesse, aux Etats-généraux, qui s’était réfugié à Bordeaux pendant les Cent-Jours et se signala comme un des principaux auteurs du mouvement du 12 juillet 1815, en obtenant, au Roi, du chef de bataillon Boisson, au milieu des soldats de Clauzel, que le drapeau tricolore fût abattu sur la place de la Comédie. Rentré à Paris le 7 août, il reçut la croix de Saint-Louis le 30 décembre de la même année; il avait le grade de capitaine de cavalerie.

    Citons également Charles-Hippolyte de La Chapelle, né a Versailles, paroisse Notre-Dame, le 20 octobre 1784, fils de messire Charles-Gilbert de La Chapelle, ancien capitaine de cavalerie, premier commis de la Maison du Roi, secrétaire des commandements de Mgr le Dauphin, et « de delle Marie-Emilie Leschevin, son épouse ». Il devint chevalier de la Légion d’honneur le 14 février 1815 et officier du même ordre le 1er mai 1821. Entré au service en qualité de gendarme dans la compagnie d’ordonnance de M, de Montmorency le 4 octobre 1806, nommé sous-lieutenant au 3e Cuirassiers le 16 juillet 1807, démissionnaire le 16 janvier 1809, il passa maréchal des logis dans la Garde nationale à cheval de Paris le 1er avril 1814, puis entra dans la compagnie des chevau-légers de la Garde du Roi en qualité de maréchal des logis, nommé chef d’escadron le 24 août 1814. Il fut nomme lieutenant général d’épée de la compagnie des gardes de la Prévôté, de l’hôtel du Roi le 1er février 1815 et eut ensuite le titre de commandant de la Prévoté de l’Hôtel.

    Il mourut le 12 février 1829.

    Notes :

    1. M. de Clairambault, avocat général, conseiller honoraire de la Cour des aides de Guyenne, généalogiste des Ordres du Roi, certifiait que le candidat présenté avait la qualité requise pour être reçu chevau-léger.

    2. Mis L. R. de Belleval, Souvenirs d’un Chevau-léger du la Garde du Roi, publiés en 1866 par son arrière petit-fils (in 8° de 823 pages).

    3. Fonds Clairambault, volumes 812 et 820 (Bibl. Nat., Manuscrits).

    4. Village de la paroisse de Sainte-Marie de Teilhoux (Teillots, canton d’Hautefort).

    5. Commune du canton de Verteillac, arrondissement de Ribérac.

    6. Commune du canton de Saint-Astier, arrondissement de Périgueux.

    7. Paul Huet, Alamigeon en Périgord, p. 19.

    8. Elles sont mentionnées par A. de Froidefond, Armorial de la noblesse du Perigord, I, 236.

    9. Le combat de Leuze, livré par 28 escadrons (Duc de Luxembourg) contre 75 escadrons (Prince de Waldeck), eut lieu le 11 septembre 1691. Celui de Steinkerque est du 3 août 1692 la bataille de Newinde, du 29 juillet 1693.

    10. Ces trois batailles furent livrées les 23 mai 1705, 11 juillet 1708 et 11 septembre 1709.

    11. Commune du canton de Saint-Aulaye.

    12. Commune du canton de Saint-Aulaye.

    13. La Couture, commune de Manzac sur Vern, canton de Saint-Astier.

    14. D’après une communication de M. Bourrinet. Bull. Soc. hist. P., 1926, p. 77.

    15. Pierre de la Roussie, né en 1685, fils de Pierre et de Jeanne Gay de Nexon, pupille de l’abbé de la Jartre son oncle, avait épousé Gabrielle de Nesmpmd. Cf. Comte de Saint-Saud, Les La Roussie de La Pouyade, Bulletin de 1924, p. 373.

    16. Comte de Saint-Saud, Op. cit.

    17. Rouffignac, commune du canton de Montignac.

    18. Brouchaud, commune du canton de Thenon.

    19. Cf. Nos Gardes du Corps, p. 105.

    20. Canton de Pujols, arrondissement de Libourne (Gironde).

    21. Bull, de la Soc. Hist. et arch. du Périgord, 1925, p. 206, étude du baron Yves de Constantin.

    22. Journal intime publié en 1901. Tome II, p. 46.

    23. Journal d’émigration du comte d’Espinchal publié par E. d’Hauterive (1912), p. 119.

    24. Il avait été aussi ministre de Deux-Ponts.
    Sa carrière diplomatique mériterait une étude spéciale pour laquelle les Correspondances du Ministère fourniraient des détails nombreux. Cf. Fréd. Masson, Le Dépt des Affaires Etrangères pendant la Révolution.

    25. Château de Montréal, cummune d’Issac, canton de Villamblard.

    26. Commune annexée à Mareuil, où se trouve le château de Beaulieu, près la gare de Mareuil-Gouts.

    27. Elle mourut à Périgueux, dans la maison de réclusion, en 1794.

    28. Il fut aussi ordonné brigadier ds cavalerie en 1748, Cf. notre Chronologie des Brigadiers des armées du Roi.

    29. Tenteillac, commune de Bourg-des-Maisons.

    30. Bull. de la Soc. hist. du Périgord, 1925, p. 169, communication de M. de Saint-Saud.

    31. Château de la Morélie, paroisse de Payzac.

    32. P. Huet, Additions aux généalogies des familles d’Abzac et de Jarrige.

    Source : Le Périgord militaire, de Joseph Durieux.

  • Jean-François Faure de Saint-Romain (1791-1882), sous-lieutenant au 22e chasseurs à cheval

    La Sabretache s’est donné la noble mission d’évoquer te souvenir de nos gloires militaires et de chercher dans cette fidélité au passé des exemples pour les générations futures (1). Chacun de ses membres apporte sa collaboration à la tâche commune et du concours de tous naît une œuvre saine et réconfortante, à notre époque surtout où le scepticisme et l’indifférence semblent devenir de mode. La commission de réduction du Carnet a bien voulu. accueillir une étude trop hâtive et trop incomplète faite par nous sur un Niortais peu connu, le général Chabot, le vaillant défenseur de Corfou. Nous tenant dans une sphère moins haute, nous allons dans une brève notice esquisser la biographie d’un modeste héros de la Grande Armée, le sous-lieutenant Jean-François Faure de Saint-Romain, du 22e chasseurs à cheval.

    Jean-François Faure de Saint-Romain naquit à La Rochefoucauld (Charente), le 31 décembre 1791. Il était fils de Bertrand de Saint-Romain, officier au régiment d’Agenais (2), et de Jeanne-Hippolyte de Rassat du Lacq. Troisième entant issu de ce mariage, il ne devait jamais connaître son père. Celui-ci avait, émigré quelques mois avant sa naissance et tomba sous les balles du peloton d’exécution à Auray, après l’expédition de Quiberon. L’aïeul maternel de Saint-Romain, M. de Rassat du Lacq fut guillotiné sur la place du Trône en 1793.

    La première enfance de Saint-Romain s’écoula dans sa ville natale. Quand le représentant du peuple Pénière fut envoyé en mission dans le département de la Charente pour apporter quelques soulagements et quelques consolations aux victimes de la tourmente révolutionnaire, il vint à La Rochefoucauld. Cette petite ville n’avait pas été l’une des moins troublées par les excès des terroristes. Pensant que la voix d’un enfant pourrait peut-être toucher davantage le cœur du représentant, les concitoyens de Saint-Romain le chargèrent d’adresser à Péniére les paroles suivantes « Rends-nous, rends-nous les biens que les méchants nous ont pris. » La gentillesse de l’entant émut, le représentant qui le prit sur ses genoux et l’embrassa.

    La famille de Saint-Romain l’envoya faire ses études classiques à Paris, au collège Sainte-Barbe.

    L’épopée impériale était alors à sa phase la plus brillante; le bruit des victoires gagnées sur l’Europe entière franchissait les murs de ce paisible établissement; que pouvait faire Saint-Romain, fils de soldat, au milieu de cet enfièvrement guerrier, si ce n’est un soldat.

    A peine âgé de dix-sept ans, il s’engage, le 12 octobre 1808, au régiment de chasseurs à cheval qui va partir pour l’Espagne. Ses débuts dans la carrière militaire sont des plus heureux; car dès le 26 décembre de la même année, il est nommé brigadier et peu après fourrier (4 janvier 1809). Le Ier septembre 1809, il reçoit le galon de maréchal des logis. Un temps d arrêt va se marquer pour lui; malgré son instruction très complète, malgré son endurance et son courage, il n’est encore que sous-officier le 22 juillet 1812, à la bataille des Arapiles, devant Salamanque (3). Ce jour-là, il reçoit quatre coups de sabre dont un au poignet droit, un au côté gauche, et deux à l’épaule gauche.

    C’est seulement le Ier mars 1813 que Saint-Romain est nommé maréchal des logis-chef. Son stage dans ce grade sera de courte durée; car le 19 juin de la même année, on lui donne enfin l’épaulette. Quelle joie pour une nature ardente et généreuse comme la sienne d’être nommé sous-lieutenant à vingt-deux ans, après avoir combattu pendant près de cinq ans, toujours en alertes, toujours en lutte avec les guérillas !

    L’occasion de se distinguer ne va pas se faire attendre pour le jeune officier. Son régiment a quitté l’Espagne et prend part en Allemagne à cette campagne, dans laquelle Napoléon, appelant à lui toutes les ressources de son génie, cherchait, à conjurer pour la France les horreurs de l’invasion.

    A Juberbogt (Prusse), le 7 septembre 1813, Saint-Romain est envoyé en reconnaissance avec vingt-cinq hommes. Il est enveloppé par un régiment de cavalerie prussienne. Se rendre était un sentiment inconnu de cette âme fière de soldat « Mes enfants, suivez-moi ! » s’écrie-t-il. Il s’élance courageusement et arrive à passer au travers des rangs ennemis. Des vingt-cinq hommes qu’il commande, un seul, le trompette est vivant et peut le suivre. Quant à lui, il est en piteux état. Cinq coups de sabre lui ont tailladé le corps un à la figure, un derrière la tête, un sur l’index de la main gauche et deux au bras gauche. Le vaillant officier rejoint son régiment; transporté dans la voiture de son général, il reçoit les soins empressés du médecin de celui-ci.

    Les heures sombres sonnent pour la patrie. C’est la France envahie ! C’est son sol foulé par ceux qu’elle avait naguère fait passer sous le joug. Le 22e chasseurs a cheval est chargé de défendre Crépy-en-Valois. Bousculé dans une charge, relevé tout sanglant, Saint-Romain est secouru par son capitaine, M. Dupuys-Vaillant.

    La Restauration réduit le nombre des régiments de chasseurs à cheval; à la suite du licenciement de son corps, Saint-Romain passe au 3e régiment de lanciers, le Ier septembre 1814. Napoléon a quitté l’île d’Elbe et l’armée reprend la cocarde tricolore; certains régiments manifestent hautement leur joie de retrouver celui qui les a conduits tant de fois à la victoire. Le 3e lanciers est du nombre et peu s’en faut que ses cavaliers ne s’emparent de Louis XVIII fuyant vers la frontière. L’Europe coalisée se lève de nouveau contre la France et dans la plaine de Waterloo va se jouer la dernière partie. Saint-Romain, avec son nouveau régiment, dénie devant son empereur (4) la veille de la bataille et prend part aux charges immortelles de cette journée, son cheval est tué sous lui.

    Grâce au dévoûment d’un cavalier du train qui lui procure une monture, il peut se diriger vers la frontière française et arrive à Philippeville. Là, épuisé de fatigue et de souffrance, il se jette sur un lit d’auberge et s’endort profondément. Le lendemain, en s’éveillant, quelle ne fut pas sa surprise de voir couché à côté de lui un officier dont l’habit rouge indiquait, sans aucun doute possible, la nationalité. Ils échangèrent leurs impressions et tel avait été le désarroi de la bataille que l’officier anglais la croyait perdue par les coalisés ! (5)

    Dans ce court espace de six ans et demi, Saint-Romain, âgé seulement de vingt-quatre ans, avait bien payé de sa personne, car il avait reçu neuf blessures : quatre aux Arapiles, cinq à Juberbogt. Il peut sembler étrange que ce jeune officier n’eut pas encore reçu la croix de la Légion d’honneur. Le 31 juillet 1814, le chevalier Bertèche, son chef d’escadron, avait réclamé pour lui la décoration en ces termes :

    « Le major soussigné a l’honneur de proposer à Son Excellence le Ministre Secrétaire d’Etat de la Guerre d’accorder la décoration de la Légion d’honneur au sieur de Saint-Romain pour qui elle a déjà été demandée en février et mars de l’année courante. Cet officier est plein de bravoure et de noblesse; il appartient à une famille toute dévouée à ses Rois. Depuis environ six ans qu’il est au régiment, il n’a cessé d’être en activité et présent à l’armée que pour se rétablir des blessures qu’il avait reçues en combattant avec intrépidité.

    « Enfin, le soussigné trouve avec plaisir l’occasion de témoigner au sieur de Saint-Romain l’intérêt qu’il lui porte en renouvelant pour lui une demande dont les circonstances ont empêché le succès.

    « A Cambrai, le 31 juillet 1814.

    « Signé : le chevalier Bertèche. »

    On pouvait croire que Saint-Romain échapperait à la proscription qui frappa les officiers de l’Armée impériale à la deuxième Restauration. Il ne devait malheureusement rien en être. Après le licenciement de l’armée, Saint-Romain tente des démarches pour être admis a continuer ses services. Le général de Broglie, auquel il se présente, lui demande s’il n’a pas fait partie de ce régiment de lanciers qui avait donné la chasse à Louis XVIII dans sa fuite vers Gand. Avec cette franchise qui fut l’honneur de sa vie, Saint-Romain le reconnaît en déclarant que lui, soldat, n’avait pas à discuter les ordres de ses chefs et qu’il n’avait fait que s’y conformer. Cette réponse n’eut pas le don de plaire au général de Broglie. Aussi, malgré les preuves de fidélité au Roi données par sa famille, malgré le dévouement à la Royauté, de son père, fusillé a Auray, il est mis a la retraite « pour blessures », le 10 février 1810. Sa pension était peu élevée : 350 francs !

    Comprenant qu’il doit diriger son activité d’un autre côté, Saint-Romain revient à La Rochefoucauld et se consacre à l’agriculture, luttant contre l’ignorance des paysans et contre leur routine. Le 4 avril 1819, il épouse Mlle Marie-Louise Mariveau. Sa compagne meurt le 19 mars 1828, le laissant sans enfants. La Révolution de Juillet ramène des jours meilleurs pour les officiers des armées impériales en demi-solde. Élu commandant de la garde nationale de La Rochefoucauld, il sollicite sa réintégration dans l’armée comme sous-lieutenant de gendarmerie. Affecté au 3e bataillon mobile de gendarmerie, comme sous-lieutenant faisant fonctions de lieutenant, par décision du 31 décembre 1830, confirmée par ordonnance royale du 17 mars 1831, il passe à la compagnie de la Vendée le 31 décembre 1831, puis à celle de la Haute-Loire le 17 mars 1831, en qualité de commandant de l’arrondissement d’Yssingeaux. Dans cette petite ville, il se lie d’amitié avec M. Haussmann, le futur auteur des embellissements de Paris, alors sous-préfet. Une décision du 19 juin 1832 le nomme lieutenant; une autre du 22 août 1833 le fait passer à la compagnie de la Charente. Les fatigues d’un service actif à cheval lui étaient pénibles, bien qu’il ne fût âgé que de quarante-deux ans, sa robuste constitution ayant été mise à une rude épreuve par ses nombreuses blessures. Aussi, sur sa demande, une décision royale du 25 juillet 1834 l’autorisa-t-il à rentrer en jouissance de la pension qui lui avait été accordée le 10 février 1816. Sa carrière militaire était finie.

    Saint-Romain se consacra de nouveau à l’agriculture, fonda un comice agricole et, le 4 mai 1844, se remaria avec Mme Annette-Henriette Juzeaud de Beauregard, veuve de M. Jacques de Rippe de Beaulieu (6). Maire de La Rochefoucauld, conseiller général (7), il reçut en 1847 la croix de chevalier de la Légion d’honneur comme doyen de l’assemblée départementale. Eu 1868, on lui conféra la croix d’officier, décoration bien méritée, tant pour ses services militaires que pour son influence salutaire dans le canton de La Rochefoucauld. Personne ne fut surpris de cette distinction bien justifiée, si ce n’est celui qui en était l’objet. Le 14 novembre 1882, M. de Saint-Romain s’éteignit doucement avec le calme de celui qui fut toute sa vie un honnête homme, c’est-à-dire un homme sachant regarder en face le devoir et l’accomplir virilement. Il quitta cette terre entouré du respect et de l’estime de tous, emportant au fond de sa conscience le sentiment d’avoir bien et dignement employé les longs jours que Dieu lui avait donnés. Parmi les personnes qui suivaient son cercueil, on pouvait voir un vieillard aussi âgé que lui, c’était son compatriote et son ancien ordonnance qui avait chargé à ses côtés à Waterloo.

    Nous avons fait appel à l’obligeance des enfants du lieutenant de Saint-Romain : M. et Mme de Montégut, M. Elie de Saint-Romain. Malheureusement, nous n’avons pu retrouver dans les papiers de famille que des détails trop succincts pour tracer une biographie complète de leur père, biographie qui aurait pu être très intéressante. Nous espérons que, malgré les lacunes de cette notice, nos collègues seront heureux de connaître ce brave et modeste soldat de la Grande Armée.

    La médiocrité de sa carrière, inexplicable en raison de sa vaillance et de son instruction plus complète que celle de la plupart de ses collègues, ne troubla du reste jamais la sérénité de l’âme vraiment antique de Saint-Romain.

    Louis Besson.

    Notes :

    (1) Praetiriti fides, exemplumque futuri, devise de Colonel-Général-infanterie, adoptée par la Société « la Sabretache »

    (2) Aujourd’hui 16e régiment d’infanterie de ligne, Bertrand de Saint-Romain signa le procès-verbal de l’assemblée plénière de la noblesse de l’Angoumois, tenue le 19 mars 1789.

    (3) Le portrait qui accompagne cette notice est la reproduction agrandie d’une miniature communiquée par la famille et faite à Poitiers en 1812. Saint-Romain porte la tenue de sous-officier.

    (4) Saint-Romain aimait à rappeler qu’en défilant devant son « Empereur », il avait fait caracoler son cheval, animal superbe, et que Napoléon, d’un geste bienvaillant, l’avait invité à calmer l’ardeur de sa monture.

    (5) L’officier anglais, en liant conversation avec Saint-Romain, lui dit ces mots : « Vous nous avez beaucoup abîmés. » Cette phrase peint l’inconscience de la situation dans laquelle il se trouvait.

    (6) De cette union naquirent deux enfants, Mme de Montégut et M. Élie de Saint-Romain.

    (7) Coïncidence à signaler : Trois jeunes Charentais, MM. de Saint-Romain, de Châteigner et de la Tranchade, s’étaient engagés le même jour au 22e chasseurs à cheval. Ils parvinrent tous trois à l’épaulette; rentrés dans la vie civile, ils devinrent maires de leurs communes natales La Rochefoucauld, Bunzac, Angoulême, et se retrouvèrent collègues au conseil général de la Charente.

  • Lettre de Saint-Fief*** à un autre officier, en date du 21 juillet 1789 :

    « Monsieur et cher camarade,

    La liberté triomphe, les tirans sont confondus, j’en frémis de plaisir. Vous savez ce qui s’est passé à Paris, voicy ce qui s’est passé icy…

    … Mille deux cents jeunes gens se firent inscrire pour former un corps de cavalerie. Ils se portèrent en foule mais en ordre au château qu’ils prirent sans résistance, mais malgré le refus du commandant les salles d’armes et magasins leur furent livrés. Cependant le régiment de Rohan faisoit relever les postes et restoit dans des casernes gardées par les officiers qui craignoient que leurs soldats ne joinissent les bourgeois. On recevoit des courriers de l’Oriant, d’Angers, de Rennes qui apprenoient le bouleversement de ces villes… enfin arrive la nouvelle de la prise des Invalides et de la Bastille. Le courage en augmente, dix mille hommes jeunes et vaillants se présentent pour monter la garde, on n’en admet que quinze cents par jour.

    On reçoit une lettre de M. de Villedieul apporté par un courrier du cabinet, cette lettre annonçait la pacification de Paris, la cessation des troubles, la retraite des troupes, on ne veut pas y ajouter foi, on regarde cette manœuvre comme le complément de la perfidie des ministres… Le lendemain on ne peut plus avoir de doute, la joie est dans les yeux, mais la ville ne désarme pas, elle veut se garder elle-même. J’ignore comme on s’est conduit ailleurs, mais si cette contrée eut été de salpetre elle n’eut pas été plus vite enflamée.

    Je croyois vous envoyer une lettre de trois pages mais il faut l’allonger. Comme je quitois la plume, j’entends crier, aux armes aux armes, nous sommes trahis, fermez vos boutiques : je mets la tête à la fenestre, on me dit que deux régiments de dragons tombent sur la ville. J’entends sonner le tocsin, battre la généralle, je cours au château : j’y entre malgré la foule, l’intérieur étoit rempli d’hommes armés, 5 000 fusils de 77 fabriqués à Maubeuge dispersés dans les mains les plus maladroites… je m’informe du commandant, on me dit qu’il est pris ainsi que l’aide major, qu’on a eu toutes les peines à l’arracher à la fureur du peuple et que le poignard est sans cesse sous sa gorge pret a le frapper.

    Je sors du château… la rage est dans les yeux, les imprécations dans les bouches, je n’entends que les mots de mort, d’exterminer, autant mourir aujourd’hui que demain, imitons les parisiens préférons la mort à la servitude. Cependant on court du côté des ponts par où les troupes devoient arriver, trois cents jeunes gens des premières maisons de commerce très bien montés, les traversent au grand trot, le sabre à la main. Des pioniers et des charpentiers marchent pour couper la chaussée et les ponts s’il étoit nécessaire… (finalement les cavaliers annoncent que l’alerte est fausse) tout rentre dans l’ordre ne criant vive le roi, vive la liberté. »

    De tels spectacles éllevent l’homme et décuplent les forces. L’Europe doit voir avec ettonement et admiration l’énergie des françois et le mois de juillet 1789 sera à jamais célébré dans nos fastes. »

    ***Charles-Barthélemy de Saint-Fief (1752-1841), natif de Salmagne (Meuse) général de brigade (1793), marié dans l’église de Pleuville avec Marie Duverrier de Boulzat (1794), agent municipal de la commune de Pleuville (1795), décédé à Poitiers (Vienne).

    Source : Carrier et la Terreur nantaise, de Jean-Joël Brégeon.

  • Relation de Léonard Blanchier, maître chirurgien à Bouëx.

    « Ce grand froit commansa le 6e de janvier aud. an 1709. La foire le landemain se tient à Marthon. On fut obligé de se retirer ce jour-là tant le froid estoit vif. Le 9e dud. mois la neige commansa à tomber et continua pandant 4 jours a plusieurs reprises quy la randit sy épaisse qu’on ne pouvoit sortir hors de chez soy. Elle étoit aussy haute en plusieurs endroits que les maisons.

    Sans cette neige il ne se seroit pas conservė d’aucune chose sur la terre, sa n’empescha pas que tous nos nouyers, chastaigners et presque tous autres arbres en sont morts par la grande gellée qu’il fesoit. On entendoit lesdits harbres se fandre par moitié quy faisoit du bruit comme un cout de mousquet. Ceste gellée étoit si grande qu’on ne pouvoit rien garantir quy ne gella, jusque au linceux ou l’on étoit couché dans l’endroit ou alloit la respiration. Les pots a pisser des dames n’en étoit pas plus ézant que le reste; pour tirer du vin falloit faire rougir un fer et l’insinuer dans l’endroit ou l’on tiroit le vin et encore venoit il goutte a goutte.

    L’on ne sçauroit dire combien il s’en est perdu de barriques; aux unes les fonds fendoit par moytyé et se jettoit hors des barriques, aux autres il ne restoit rien que de la glasse dans les barriques. Pour couper du pain il falloit un acheraud; point d’aparanse de le faire lever et de manger de pain pandant ce temps de rigueur. Chose qu’on a observé, en faisant routir de la viande aupres d’un gros feu, l’on metoit de l’eau dans la casse, tout le dernier venoit en glasse dans le commancement.

    Plusieurs personnes de ma connoissance on péry et sont morts estant dehors, ne pouvant s’en retourner chez eux ; aussy tost qu’on respiroit l’air on étoit glacé, il estoit impossible de pouvoir resister a de long voyages.

    Je n’aurois jamais finy syl me falloit raportér tous les malheurs quy ont arrivé par cette maudite gellée. Je me contanteray de raporter seulement icy qu’a la récolte de 1708 le froment mesure de Marthon ne valloit que 18 à 20 l. La plupart des artisans et presque tous ne vouloit point de grosaille, le fromant avoit vogue et encore avoit on de la peine a le debiter.

    Le prix du vin n’étoit pas moins a bon marché que le blé cette mesme année et quelques unes precedentes, puisque j’en donna a 50 l. la barrique. Tout le monde vouloit de bon vin. Ce quy obligéoit… (manque un feuillet)… d’estre appelé vin, et encore il ny en a pas presque eu dutout, il n’a ny couleur ny aucun goust que celui de ne valoir rien. Cepandant je l’ay vandu 50 l. la barrique. Dieu nous fasse la grasse qu’il nous répande ses benedictions, et que la recolte prochaine, qui est de 1710, console le pauvre peuple ; presque tous sont à la mendicité et meurent de faim. Nous sommes accablés par l’abondance des pauvres du Limouzin quy ont tous abandonnés leur pays, les chastaigners estant tous gellés aussy bien que les nostres. Je ne sçaurois vous dire autre chose que presque tous sont à laumone et partout l’on ne voit que misere et pauvreté. Sans une abondance de blé despaigne et de milliet qu’on sémat voyant tous nos grands bleds gellés, le peuple n’auroit sçeu de quoy se nourrir, le peu de fromant quy avoit resté les brouillards les dissiperent et firent venir le grain a rien tout mêlé. »

    Source : Le docteur Nelson-Pautier, maire d’Aigre en 1888.

  • Les Charentes peuvent au point de vue de la chasse, être considérées comme une annexe du Poitou. Nous avons cité le Comte de St-Légier chassant à Chizé ; nous trouvons non loin de lui M. de Corderoy du Tiers, à Confolens, qui chasse le loup avcc un bon équipage de vingt-cinq bâtards.

    MM. Edgard et Henri de Lassé, habitant aux environs de Ruffec réunissent leur meute de bâtards à celle de M. Nebout, veneur poitevin pour chasser loups et renards. Ils découplent ensemble de vingt à trente chiens.

    En nous avançant dans la direction du Limousin, voici la Vénerie Charentaise, dans la belle forêt de la Braconne. C’est un vaste massif de 4500 hectares, entre Angoulême et La Rochefoucauld, composé de futaies et de taillis de chêne, assez bien percé, mais accidenté et dont les chemins, établis sur le rocher, sont très-durs. On y remarque un phénomène naturel des plus curieux : par suite de bouleversements géologiques, la roche calcaire du sous-sol présente des excavations de profondeur inconnue, telles que la Grande Fosse, la Fosse Mobile, auxquelles s’attachent naturellement les plus terrifiantes légendes.

    C’est dans des fissures de ce genre que se perdent les deux rivières dites infernales, le Bandiat et le Tardoire qui arrosent une partie de la forêt. Elles reparaissent en bouillonnant à 12 kilomètres à l’Ouest et donnent naissance à la Touvre qui a immédiatement 80 mètres de large et porte bateau.

    La Braconne a été peuplée de cerfs pris à Compiègne en 1868 ; les animaux sont de belle race, très vigoureux, souvent terribles â l’hallali. La chasse a été affermée par la Vénerie Charentaise, dont le président est M. Joseph de Villemandy de la Mesnière, lieutenant de louveterie.

    Les trois équipages associés, composés uniformément de bâtards vendéens, sont :

    1° Celui de M. Victor Roux de Reilhac, au château du Châtelard — 20 chiens ; 2° Celui de MM. J. de Villemandy, de la Mesnière, au château du Gazon et Charles Dubouché, au Château-Rocher — 25 chiens ; 3° Celui du vicomte Guillaume de Dampierre, lieutenant de louveterie, au château de Nieuil — 20 chiens.

    Le premier de ces équipages est déjà fort ancien: les deux autres datent de 1883. M. Victor de Roux de Reilhac, qui vient de mourir à la fin de la saison, était un veneur consommé et de longue expérience ; à près de 80 ans, il ne manquait jamais une prise, donnant à tous l’exemple de l’ardeur, de l’entrain, de la bonne humeur, faisant revivre ainsi les traditions de l’ancienne vénerie française.

    Le jeune président de la Société est d’une intrépidité à toute épreuve ; sans cesse à la queue des chiens, même dans les passages les plus difficiles.

    En veut-on un exemples entre bien d’autres ?

    Après s’être fait battre dans diverses enceintes, le cerf avait pris son parti sur la forêt de Boixe, l’avait traversée dans toute sa longueur ; puis prenant l’eau à Rehoisy, traversant la Charente, franchissant les murs du parc de Verteuil, il était venu se mettre encore à l’eau à Ruffec ; après ce délacher de plus de cinquante kilomètres, il ne restait en chasse que cinq chiens qui noyèrent l’animal ; M. de Villemandy ne les avait pas abandonnés un instant et l’hallali était pour lui un vrai triomphe.

    Parmi les veneurs suivant le plus fidèlement les chasses, il faut citer MM. Yrieix de James, du Jonchay, de Laurière, de Matet, de Montarby, Rizat, de Verneilh et plusieurs officiers des garnisons voisines MM. de Vésian, le gentleman-rider bien connu, de Loisy, René de Villemandy.

    La Vénerie Charentaise prend de quinze à vingt cerfs en Braconne, avec des durées de chasse de trois à quatre heures. Pendant les premiers mois de la saison, elle chasse aussi le loup non seulement en Braconne mais dans les forêts voisines de Bel-Air, des Quatre-Vents et de la Boixe : en moyenne elle prend quinze louvards.

    Tenue : habit rouge avec parements grenat. Le bouton est d’or et porte un sanglier à l’hallali au dessus duquel se lit sur une banderolle la devise : Hallali-Charente.

    Source : La vénerie moderne, de Léon de Jaquier.

  • Arrest de la Cour du Parlement,

    Qui condamne Jean Poirier, Laboureur, à faire amende honorable au-devant de la porte de la principale Eglise de la Ville d’Angoulême, ou il sera conduit par l’Exécuteur de la Haute-Justice, dans un tombereau, nuds pieds, nue tête, & en chemise, tenant en ses mains une torche de cire ardente du poids de deux livres, ayant la corde au col & écriteau devant & derrière portant ces mots ( Empoisonneur de ses beau-pere & belle-mere; ) ensuite mené en la Place publique de ladite Ville d’Angoulême, pour, sur un échafaud qui y sera dressé, y être rompu vif, & de fuite jetté au feu pour y être réduit en cendres, & ses cendres jettées au vent.

    Extrait des registres du Parlement.

    Du seize Juin mil sept cent soixante-dix-huit.

    Vu par la Cour le procès criminel encommencé en la Justice de Manles, à la requête du Procureur Fiscal de ladite Justice, & depuis continué, fait & parfait par le Lieutenant Criminel de la Sénéchaussée d’Angoulême, à la requête du Substitut du Procureur Général du Roi. audit Siège, demandeur & accusateur, contre le nommé Jean Poirier, Laboureur, défendeur & accusé, prisonnier ès prisons de la Conciergerie du Palais à Paris; & encore contre René Tournier & Jacques Binaud, Chirurgiens à la Rochefoucault, & Antoine Boisset, Chirurgien au Bourg de Manles, aussi défendeurs & accusés; ledit Jean Poirier appellant de la Sentence rendue sur ledit procès le trente-un Mai mil sept cent soixante-dix-sept, par laquelle il a été ordonné, avant dire droit, que ledit Jean Poirier seroit appliqué à la question ordinaire & extraordinaire, preuves tenantes. L’Arrêt de la Cour du 14 Juillet 1777, par lequel, avant faire droit sur l’appel interjetté par ledit Jean Poirier de ladite Sentence, il a été ordonné qu’à la requête du Procureur Général du Roi, poursuite & diligence de son Substitut en la Sénéchaussée d’Angoulême, les nommés René Tournier, Antoine Boisset & Jacques Binaud qeroient assignés pour être ouis & interrogés pardevant le Lieutenant Criminel de ladite Sénéchaussée d’Angoulême, sur les faits résultans des charges, informations & autres sur lesquels ledit Substitut voudroit les faire entendre; lesdits Tournier, Binaud & Boisset, ainsi que ledit Jean Poirier, accusé, récolés sur leurs interrogatoires, & si besoin étoit, confrontés les uns aux autres par devant ledit Juge, il a été permis audit Substitut de requérir & au Lieutenant Criminel d’ordonner qu’il seroit publié Monitoires en forme de droit, tant dans les paroisses de la ville d’Angoulême que dans celles de Manles & la Rochefoucault; comme aussi ledit Lieutenant Criminel a été autorisé à entendre en dépositions les témoins qui pourroient venir à révélation, ensemble les Apothicaires, Epiciers autres personnes vendant de l’arsenic dans la Ville de la Rochefoucault, à l’effet par ces derniers de déclarer si, dans le courant de Mai & Juin 1776, ils n’ont point vendu de l’arsenic audit Jean Poirier; à récoler lesdits témoins sur leurs dépositions, & à les confronter, si besoin étoit, tant audit Poirier, qu’auxdits Tournier, Binaud Boisset, accusés; à l’effet de quoi ledit Poirier seroit transféré, sous bonne & sûre garde, des prisons de la Conciergerie du Palais en celles de la Sénéchaussée d’Angoulême, pour l’instruction ci dessus ordonnée, faite, expédition d’icelle apportée au Greffe criminel de la Cour, ledit Jean Poirier pareillement ramené, sous bonne & sûre garde, desdites prisons d’Angoulême en celles de la Conciergerie du Palais, le tout communique au Procureur Général du Roi, être par lui pris telles conclusions qu’il appartiendroit, &, vu par la Cour, être ordonné ce que de raison. Le réquisitoire du Substitut du Procureur Général du Roi en la Sénéchaussée d’Angoulême, du 19 Août 1777, à fin d’exécution dudit Arrêt en tous ses points & dispositions de permission en conséquence d’obtenir & faire publier Monitoire en forme de droit, faire entendre tous révélans & autres personnes indiquées par ledit Arrêt, lesquels témoins seroient répétés en leurs dépositions, &, si besoin étoit, confrontés aux accusés, pour, toutes lesdites instructions faites, être envoyées au Greffe de la Cour, & ledit Poirier transféré des prisons de ladite Ville d’Angoulême en celles de la Conciergerie du Palais. L’Ordonnance du Lieutenant Criminel de ladite Sénéchaussée d’Angoulême, du 21 du même mois, conforme auxdites conclusions. L’interrogatoire subi pardevant ledit Lieutenant Criminel le 11 Septembre fuivant par René Tournier : l’exoine présenté par Jacques Binaud, âgé de quatre-vingt-dix ans, certifié le même jour 11 Septembre par deux Chirurgiens de la Ville de la Rochefoucault : le Monitoire décerné en l’Officialité d’Angonlême le 18 Octobre suivant : le certificat de publication dudit Monitoire par le Curé de Manles, du 28 Octobre 1777, contenant une révélation : l’interrogatoire subi devant ledit Lieutenant Criminel par Antoine Boisset, le 4

    Décembre 1777 : le réquisitoire dudit Substitut à fin de transport en la Ville de la Rochefoucault, attendu l’exoine dudit Binaud, pour y faire subir interrogatoire audit Binaud, & procéder aux opérations ultérieures ordonnées par l’Arrêt de la Cour du 24 Juillet précédent : l’Ordonnance du Lieutenant Criminel d’Angoulême étant ensuite, du 6 dudit mois de Décembre, conforme audit réquisitoire : l’interrogatoire dudit Jacques Binaud, subi devant ledit Lieutenant Criminel d’Angoulême en la Ville de la Rochefoucault le 9 dudit mois de Décembre : l’information par addition faite le lendemain & jours suivans en la Ville de la Rochefoucault : le récolement desdits témoins en leurs dépositions, dudit jour 10 Décembre & jours suivans : le récolement des accusés en leurs interrogatoires, du même jour 10 Décembre & jours suivans : la confrontation des témoins à Jacques Binaud, accusé, aussi du même jour 10 Décembre & jours suivans : l’interrogatoire subi par Jean Poirier le 11 dudit mois de Décembre : la confrontation des témoins audit Jean Poirier, accusé, dudit jour 11 Décembre 1777, & les confrontations respectives des accusés, du 12 du même mois : l’arrêt de la Cour rendu sur le vu du procès le 27 Mars 1778, par lequel il a été ordonné que dans quinzaine à compter du jour de la signification qui seroit faite dudit Arrêt auxdits René Tournier, Antoine Boisset & Jacques Binaud, accusés, ils seroient tenus de se rendre aux pieds de la Cour pour le Jugement de leur procès; sinon & à faute de ce faire dans ledit tems, & icelui passé, il a été ordonné qu’il y seroit procédé tant en leur absence que présence, suivant & au desir de l’Edit du mois de Juillet 1773 : les significations faites dudit Arrêt auxdits René Tournier, Antoine Boisset & Jacques Binaud, accusés, par exploits des 22 & 23 Avril 1778 : le certificat de Fremin, Greffier de la Cour, de cejourd’hui 16 Juin 1778, qui constate que lesdits Tournier, Boisset & Binaud ne se sont point rendus aux pieds de la Cour pour subir leur dernier interrogatoire avant le Jugement. Conclusions du Procureur Général du Roi, lequel comme de nouvel venu sa connoissance, a requis d’être reçu appellant à minimâ de la Sentence du 31 Mai 1777. Oui & interrogé en la Cour ledit Jean Poirier fur fes caufes d’appel & cas à lui imposés : Tout considéré.

    La Cour reçoit le Procureur Général du Roi appellant a minimâ de la Sentence de la Sénéchaussée criminelle d’Angoulême, du 31 Mai 1777; faisant droit sur ledit appel, ensemble sur celui interjeté par ledit Jean Poirier de la même Sentence, met lefdites appellations & Sentence de laquelle a été appellé au néant; émendant, pour les cas résultans du procès, condamne ledit Jean Poirier à faire amende honorable au-devant de la porte de la principale Eglise de la Ville d’Angoulême, où il sera conduit, par l’Exécuteur de la Haute-Justice, dans un tombereau, nuds pieds, nue tête, & en chemise, tenant en ses mains une torche de cire ardente du poids de deux livres, ayant la corde au col & écriteau devant & derrière portant ces mots : ( Empoisonneur de ses beau-pere & belle-mere; ) & là, étant à genoux, dire & déclarer à haute & intelligible voix que méchamment, témérairement & comme mal avisé il a, de dessein prémédité, le 20 Juin 1776, empoisonné Michel Gendrillon & Marie Marchandon sa femme, ses beau-pere & belle-mere, en jettant dans leur soupe du poison qu’il avoit acheté le 11 dudit mois de Juin chez Philippe Binaud, Chirurgien à la Rochefoucault, duquel poison ladite Marie Marchandon est décédée le lendemain cinq heures du matin, & ledit Michel Gendrillon a été violemment incommodé, dont il se repent & en demande pardon à Dieu, au Roi & à Justice; ce fait, mené dans le même tombereau en la place publique de ladite Ville d’Angoulême, pour, sur un échafaud qui y fera à cet effet dressé, avoir les bras, jambes, cuisses & reins rompus vif par ledit Exécuteur, & de suite jetté dans un bûcher ardent, qui fera aussi dressé dans ladite place, pour y être réduit en cendres & ses cendres jettées au vent : déclare tous les biens dudit Jean Poirier acquis & confisqués au Roi ou à qui il appartiendra, sur iceux préalablement pris la somme de deux cens livres d’amende envers ledit Seigneur Roi, au cas que confiscation n’ait pas lieu à son profit, & pareille fomme pour faire prier Dieu pour le repos de l’ame de ladite Marie Marchandon : décharge lesdits René Tournier, Antoine Boisset & Jacques Binaud des plaintes & accusations contr’eux intentées à la requête du Procureur Général du Roi. Faisant droit sur les conclusons du Procureur Général du Roi, enjoint à Philippe Binaud & à tous Chirurgiens, Apothicaires, Epiciers-Droguistes d’observer les Ordonnances du Royaume, Arrêts & Réglemens de la Cour concernant la vente de l’arsenic, du réagal, de l’orpiment & du sublimé, & notamment les articles VII, VIII & IX de l’Edit du mois de Juillet 1682, enregistré en la Cour le 30 Août suivant; leur fait défenses d’y contrevenir sous les peines y portées. Ordonne qu’à la requête du Procureur Général du Roi, le présent Arrêt sera imprimé, publié & affiché tant à Angoulême, la Rochefoucault, Manles & autres lieux circonvoisins, que dans la Ville, Fauxbourgs & Banlieue de Paris, Si par-tout où besoin sera; Si pour le faire mettre à exécution, renvoie ledit Jean Poirier prisonnier pardevant le Lieutenant Criminel de ladite Sénéchaussée d’Angoulême. Fait en Parlement le seize Juin mil sept cent oixante-dix-huit. Collationné Nourichel.

    Signé Lecousturier.

    A Paris, chez P. G. Simon, Imprimeur du Parlement, rue Mignon Saint André-des-Arts. 1778.

  • Au début du XVIIe siècle, deux notaires exerçaient au bourg ; Jehan Benoit qui épousera en secondes noces Catherine Frotier sœur bâtarde du seigneur de la Rochette ; sa maison était en face du cimetière ; son père, autre Jehan Benoit, ancien notaire à la Rochefoucauld mourra au village des Gots ; nous avons du premier nommé un certain nombre de minutes de 1616 à 1632.

    L’autre notaire, François Boissier habitait la grande maison à côté de l’école actuelle ; François Gounin, parfois signalé comme notaire habitait au Logis, mais il se fixera très vite à Coulgens ; Léonet Benoit, archer de de la maréchaussée de Saintonge est quelquefois signalé aussi comme notaire.

    Un peu plus tard, le notaire Jean Fureau exercera à Villemalet de 1653 à 1666 ; il avait acheté son office à un héritier de Jean Benoit, l’ancien notaire du bourg ; il nous a laissé des minutes fort intéressantes.

    Tous les habitants de la paroisse, même les plus humbles, avaient recours au service des notaires ; achats ou échanges de terres, mariages, testaments, donations associations, tout était sujet à un acte notarial, et le lecteur aujourd’hui est surpris de la fréquence et de la modicité des actes passés devant le notaire du village.

    En voici quelques-uns :

    Un contrat de mariage : le 3 novembre 1625, Marcelle Boissier, fille de François et de Louise Frougier du bourg, épouse Pierre Pineau, fils de Piere et de Marguerite Robin demeurant au moulin de la Rochette ; la future épouse recevra de ses parents : 8 livres en arget, un lit, 4 linceuls dont 2 de drap et 2 d’étoupe, 2 nappes dont une d’étoupe, 4 fourchettes, 2 écuelles, 2 assiettes, une chopine le tout en étain, 4 chefs de brebis femelles, et un coffre de bois. Le tout sera payable deux mois après la bénédiction nuptiale.

    Le future époux recevra de ses parents la tierce partie de leurs biens, sans aucune précision.

    Inventaire après le décès d’un notable, le notaire Jean Benoit ; le 2 novembre 1632, fut fait l’inventaire et la vente de la moitié de ses biens, l’autre moitié revenant à sa veuve : « 1 châlit de bois de noyer fait de menuiserie, un lit de plume, une couverture de laine blanche, un ciel de lit bleu aussi en laine blanche, une paire de linceuls, un coffre de noyer fermant à clef, un poilon, divers plats en étain, trois chaudrons, 18 serviettes, un linceul de chanvre, un de toile, un méchant coffre, une cassotte, deux linceuls de grosse toile, deux nappes de toile de brin, un lit de plume avec un châlit de noyer, une nappe, 12 serviettes, un buffet, une charrette, quelques chaises, un tabouret, un poêle, une grosse table, 4 fûts de barrique, une barrique de vin, 1 dail bien aiguisé, une nappe d’étoupe ».

    Tous ses biens furent adjugés devant la porte de l’église à divers acquéreurs pour 119 livres ; une paire de bœufs valait à cette époque 90 à 95 livres.

    Un autre acte plus modeste ; Poivert veut se servir du puits du village des Gots : il sera tenu de le faire creuser à ses frais et dépens de trois pied de profondeur ; alors il aura le même droit de puisage que les autres.

    Jehan Fonteneau était Maître arpenteur au mas du Buisson.

    Blaise Boissier, sieur de la Fayolle et Léonet Benoit étaient gardes des Eaux et Forêts d’Angoumois ; un peu plus tard, Jean Fureau sera garde traversier des Eaux et Forêts ; un autre Jean Fureau était praticien : nullement médecin, le praticien possédait quelques connaissances juridiques ; un peu homme d’affaires, sa signature se voit souvent au bas des contrats à côté de celle du notaire.

    Source : La Rochette, de James Forgeaud.

  • François Poutignac, Sieur du Roc, bourgeois, riche marchand de la Rochefoucauld, avait acheté l’ancien fief du Roc ; il était en relations commerciales avec l’Angleterre.

    Jean Saulnier, Sieur de l’Isle, bourgeois, avait acheté les droits des dîmes et d’agriers de la duchesse d’Anville-la-Rochefoucauld, sur une terre possédée par Sébastien Jonquet au bourg ; le droit d’agrier avait été prélevé au neuvième des fruits selon la coutume ; mais Jean Saulnier avait prélevé le droit de dîme sur les sixième et septième sillons, au lieu du onzième ; il devra rembourser le trop perçu.

    Les Bordet, bourgeois, furent gardes des eaux et forêts d’Angoumois, pendant trois générations ; ils s’enrichirent grâce aux fermes des dîmes du chapitre de la Rochefoucauld sur la Rochette et Agris ; Alexandre Bordet, le dernier des trois, possédait outre son office et sa propriété trois maisons dans la paroisse et divers bâtiments ; par son mariage avec Louise Fureau il était lié à la famille suivante.

    Parmi les nombreux Fureau de la région, la branche des Fureau de Villemalet avait su s’élever dans l’échelle sociale ; ils étaient fermiers des tailles de la Rochette et de St-Mary ; ils tenaient des offices ; notaires ou gardes des eaux et forêts ; ils étaient praticiens, marchands et rassemblaient des terres à leur profit ; en 1790, Pierre Fureau l’aîné avait ainsi acheté à Pierre Desclides des vieilles Vaures, tous les biens possédés par ce dernier à la Rochette, bâtiments, terres et bois ; vente faite pour 2.324 livres, versées sur le champ. Pierre Fureau le jeune, fut homme d’affaires à St-Mary où avait vécu enfant, son épouse, Marguerite de la Faye.

    Cette famille roturièe avait contracté des alliances flatteuses avec les de Crozan, les Frotier-Tizon, les Lafaye de Champlaurier.

    L’arpenteur de 1749 notait « Mrs de Virmallet possèdent des rentes dans la paroisse » ; en effet en 1703, François Fureau avait acheté au roi des agriers sur la Rochette, Agris et Jauldes ainsi que le droit de chasse dans les lieux somus à l’agrier et en braconne ; ce droit de chasse vendu à un roturier devait être assez exceptionnel ; en 1776, ces droits furent retirés aux héritiers Fureau et ils furent indemnisés ; les vieilles gens du village parlent encore d’eux comme des seigneurs de Villemalet ; ils avaient même leur blason : d’argent à chevrons de gueules, accompagné de 3 canettes posées en 2 et 1 ; ne soyons pas surpris de trouver des canettes sur un blason ; elles se voient sur des chapiteaux dans l’égise, sur un modillon autour de l’église et même sur une maison du bourg. Le logis de Pierre Fureau, l’aîné, existe intact avec son porche charentais, daté de 1677 et son vieux colombier carré, à la sortie du village de Villemalet.

    A la fin du XVIIIe siècle, cette famille bourgeoise était représentée par les deux cousins.

    Pierre Fureau de Villemalet, dit l’aîné.

    Pierre Fureau de Fontenelle, dit le jeune ; ce dernier habitait près de la route en face de son cousin.

    Ils étaient bien roturiers, quoiqu’on ait dit, et étaient portés sur le rôle des tailles de 1789.

    Source : La Rochette, de James Forgeaud.

  • En vertu du décret de l’assemblée nationale constituante du 14 décembre 1789 et des lettres patentes du roi, l’assemblée paroissiale est réunie par le syndic le 7 février 1790, pour procéder à l’élection des membres qui doivent former la municipalité.

    Pierre Fureau de Villemalet est élu président de séance, assisté de trois anciens : Jean Dezerce, Léonard Broussard et Antoine Legras.

    Léonard Dezerce est élu secrétaire par 46 suffrages contre 35.

    Le président de séance et le secrétaire ont alors prêté le serment de maintenir de tout leur pouvoir la constitution du royaume, et d’être fidèles à la nation à la loi et au roi.

    Le 9 février 1790, l’assemblée est à nouveau réunie ; le président de séance fait l’appel nominal des 115 présents et leur fait prêter le serment civique ; sont élus scrutateurs : Pierre Fureau Sieur de Fontenelle, Philippe Saulnier Sieur de l’Isle et Jacques Montagné.

    Puis il est procédé à l’élection du maire ; après ouverture et dépouillement du scrutin, Pierre Fureau de Fontenelle est élu maire au premier tour par 69 voix contre 44 ; le président de séance et les scrutateurs l’ont alors « mis dans la fauteuil ».

    Chaque commune ayant 800 habitants comme la Rochette, devait avoir un conseil municipal composé de 6 officiers municipaux, le maire compris, avec en sus un procureur syndic ; elle devait aussi avoir un conseil général composé de 12 notables.

    Pierre Fureau de Villemalet, Jacques Montagné, Pierre Marchadier, Bernard Mestreau et Gaspard Ferrant furent élus officiers municipaux ; Philippe Saulnier avec toutes les voix sauf une, fut élu procureur syndic.

    L’élection de 12 notables eut lieu le 14 février : Antoine Lacote, Pierre Clément, Antoine Augier, Pierre Aubert, Louis Desnoyer, Antoine Nadeau, François Viollet, Louis Robin, François Fontroubade, François Jourde, J. Bourrabier et Sébastien Martonneau furent élus.

    Tous « pleins de confiance aux lumières », prêtèrent le serment.

    Le dimanche 14 novembre 1790, conformément à un décret de l’assemblée nationale, le maire et les officiers municipaux furent rassemblés pour procéder par tirage au sort, au renouvellement de 2 officiers municipaux et de 7 notables.

    Furent « destitués » comme officiers municipaux Jacques Montagné et Gaspard Ferrant ; ce n’était pas une sanction, mais plutôt une rotation dont le but était de faire participer davantage de citoyens à la vie municipale ; Gaspard Broussard dit le Blondin et Antoine Nadaud furent « institués » officiers municipaux.

    Les 7 nouveaux notables : François Laleu, Léonard Dezerce, Jean Bourrabier le jeune, Antoine Augier, François Ferrant, François Fureau, et Antoine Gobaud, remplacèrent un nombre égal de notables précédents.

    Ceci fait, l’assemblée fut dissoute ; les élus prêtèrent le serment et jurèrent devant la commune de maintenir de tout leur pouvoir, la constitution du royaume, d’être fidèles à la nation, à la loi et au roi, et de bien remplir leurs fonctions. Tous signèrent, avec le maire.

    Pierre Fureau de Fontenelle, devra abandonner la mairie au bout de quelques mois, car élu juge de paix du canton de Jauldes, les deux fonctions ne pouvaient se cumuler. Sébastien Martonneau lui succéda jusqu’en 1792, lui-même remplacé par Bernard Mestraud.

    Les assemblées municipales dûment annoncées 8 jours avant, se tenaient à la maison commune au village des Gauds ; puis elles se tinrent à la maison du maire.

    Pierre Fureau de Villemalet avec une vingtaine de ses collègues eut l’honneur de représenter le district de la Rochefoucauld à la grande fête de la Fédération le 14 juillet 1790, à Paris ; peut-être put-il voir de loin, sur l’estrade, la Fayette plastronnant, l’évêque Talleyrand officiant et Louis XVI un peu contraint ; en février 95 le même Fureau, atteint de quelques infirmités dut résigner ses fonctions au district.

    Voici le conseil municipal de 1792 : Bernard Mestraud maire, Pierre Fureau de Villemalet, Pierre Clément l’aîné, François Jourde, François Viollet et Sébastien Martonneau ancien maire, officiers municipaux, Antoine Augier était agent national de la commune.

    Et le conseil général de la commune avec ses 12 notables : François Ferrant, Louis Robin, Pierre Guimard, Gaspard Broussard, François Fontroubade, Antoine Gobeau, Pierre Villatte, Jean Clément, Léonard Dezerce, François Benoît, Pierre Marchadier, Jean Dezerce.

    Labrousse-Barussière récemment décédé avait été remplacé.

    Un peu plus tard, le tableau général de la nouvelle organisation des municipalités, juge Bernard Mestraud maire et agriculteur, Léonard Dezerce, François Ferrant, Etienne Fayou, Sébastien Martonneau et Etienne Villaette, officiers municipaux « hommes probes ».

    Le procureur de la commune, François Seguin, ex-curé, reçut le même satisfecit. Sur un autre tableau, les mêmes citoyens furent tous portés comme patriotes.

    Les membres du conseil général de la commune : Jean Albert, François Fontroubade, Antoine Vigier, Alexandre Vigier, Alexandre Bordet, Louis Robin, François Lalut, Pierre Fureau l’aîné, Antoine Gobeau, François Lafon, Jean Nadeau, Pierre Guillot et Jean Lambert étaient « cultivateurs et hommes probes ».

    Le 12 août 1792, les citoyens du canton de Jauldes, au nombre de 950 furent convoqués en assemblée pleinière pour élire 15 citoyens devant participer à la nomination des députés à la Convention ; furent élus : Roch Boissier-Descombes, président de séance, Pierre Machenaud, Charles Léchelle, commandant le bataillon de Jauldes, Maulde de Blancheteau, administrateur du département, Jean Machenaud-Duchaix, agriculteur, Jean Gobaud, boulanger, J.B. Hériard-Préfontaine, maire d’Aussac, Jena Basset, officier municipal, Pierre Fureau Fontenelle, juge de paix du canton, Jean Varache maire d’Agris, Laurent Boissier, Pierre Gervais, procureur de la commune et Pierre Prévaud, greffier de la justice de paix.

    Avec les délégués des autres cantons et districts, ils élurent les députés de la Charente à la grande Convention qui à partir du 21 septembre 1792, proclamera la République et dirigera la France d’une poigne de fer.

    Source : La Rochette, de James Forgeaud.

  • A la fin du XVIe siècle le fief du Roc, arrière fief de celui de la Rochette était tenu par Pierre Tizon ; son logis aux murs épais, sur cave voutée date de cette époque ; il a conservé son escalier extérieur de pierre, du côté de la forêt ; ses fenêtres étroites ont été élargies au cours des temps ; ce très modeste logis servait pourtant d’habitation à une famille noble.

    Mais le 20 octobre 1608, Pierre Tizon chargé de dettes, dut vendre à Gabriel de Barbarin Sieur de la Breuilhe et de Fontchauveau « sa maison et son hôtel noble du Roc, consistant en maison, granges et establerie, fuie, basse-cour, prés, vignes, préclotures, terres labourables et non-labourables, biens nobles et roturiers et tout ce qui en dépend, sans rien réserver sur les paroisses de la Rochette et d’Agris » ; il y avait en effet, une action au parlement de Paris sur les biens du Sieur du Roc, pour cause de la succession de défunt Louis Tizon son fils, 5.200 livres, sur les 5.600, prix de la vente, seront versés à divers créanciers, dont Catherine Tizon, sœur du vendeur.

    Peu après, Gabriel de Barbarin épousa Louise Frotier-Tizon, sœur du seigneur de la Rochette, devenue veuve, Louise vendit à son tour le fief du Roc à Pierre de Cardillac écuyer, Sieur de Lanne, demeurant à Angoulême, le 9 août 1618 ; les biens nobles relevaient du roi, mais elle ignorait quand hommage devait lui être rendu ; la vente fut faite pour 5.600 livres.

    Quelques jours plus tard, Roc Frotier-Tizon, n’acceptant pas la vente faite par sa sœur et usant de son droit de retrait lignagier, reprenait à son compte la seigneurie du Roc, avec l’accord du second mari de Louise, Pierre d’Arroux.

    Le 12 juin 1622, Yolande de Barbarin, fille de Gabriel de Barbarin et de Louise Frotier-Tizon épousa François Green de St-Marsault, chevalier, Sieur de Peudry et en eut de nombreux enfants dont plusieurs naquirent à la Rochette ; leur tuteur, Jean-Louis de Verdelin, écuyer afferma le logis et hôtel noble du Roc avec toutes ses dépendances à Léonet Benoît, archer de la maréchaussée de Saintonge pour 3 ans et 300 livres l’An.

    A la fin du XVIIe siècle, la maison noble du Roc était habitée par Gaspard Frotier-Tizon, ancien capitaine au régiment de la marine et chef de la branche cadette des Frotier-Tizon ; avec lui vivaient au Roc, sa femme Françoise Mouton épousée sur le tard et leurs deux fils François et Jean ; Gaspard avait acheté la maison en 1692, mais ne possédait pas le domaine ; à sa mort en 1709, Françoise Mouton pour sauvegarder ses intérêts et ceux de leurs enfants refusa la succession.

    Le domaine du Roc s’étendait sur 150 journaux de terres, vignes, bois, garenne, et appartenait à la famille Cambois, riches marchands de la Rochefoucauld ; mais il n’était plus une terre noble ; les Cambois n’ayant pas acquitté les lourds droits de franc-fief.

    Par alliance, le Roc, maison et domaine passa à François Poutignac, marchand à la Rochefoucauld, vers 1730.

    En 1753, François Poutignac, Sieur du Roc, dut se rendre à Londres, pour y recueillir la succession de sa sœur, Anne, décédée dans cette ville, mais il ne revint pas.

    Le 5 septembre 1768, le domaine du Roc et la maison furent partagés entre les 6 filles de François Poutignac et de sa femme Hypolite Coussaud.

    Marie l’aînée restera célibataire et mourra à la Rochette.

    Marie épousera Jean Mestreau.

    Marie épousera Guy de Villemandy, Sieur de Ferrière.

    Anne épousera Pierre Maulde, Sieur des Groies.

    Marie-Thérèse épousera François Druette, marchand.

    Enfin, la dernière, Marie épousera Jean Clerfeuille du Breuil de St-Ciers.

    Les terres, les prés, les bois, la garenne et même la maison furent divisés en plusieurs lots d’égale valeur ; l’ensemble étant évalué à 6.000 livres.

    Les époux Maulde et Mestreau ainsi que l’aînée des filles resteront à la Rochette.

    Au début du XXe siècle, le logis du Roc était habité en partie par un Broussard dont l’épouse descendait des anciens propriétaires.

    De nos jours, la maison est partagée entre deux locataires.

    Source : La Rochette, de James Forgeaud.