Généalogie Charente-Périgord (GCP)

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  • Le fief de Ruelle, à la veille de la Révolution, appartenait à la famille Birot. Jean Birot, écuyer dont le père était avocat au présidial d’Angoulême, l’avait acquis en 1694 pour 12 000 livres. Cette famille a fait construire le logis de Ruelle, près de la Touvre, sur la route de Mornac (ensemble de bâtiments anciens, face à l’école de la Marine). Le seigneur de Ruelle partageait les dîmes avec le curé ; il en gardait le quart qui s’ajoutait aux redevances féodales. En 1789, ce fief était tenu par un autre Jean Birot dont le frère, Jean Charles, Maréchal des logis des Gardes du corps du Roi, chevalier de Saint Louis, était appelé le Chevalier de Ruelle.

    Le fief du Maine-Gagnaud passa, vers 1750, dans la famille Labatud par le mariage de Pierre Labatud avec Françoise Marie de la Charlonnie. Pierre Labatud fut avocat au Présidial, Maire d’Angoulême de 1754 à 1757 ; son fils a dû payer la somme requise soit 6 000 livres (la finance) pour que la noblesse de la famille soit confirmée. Le logis du Maine-Gagnaud était délabré car les propriétaires habitaient à Angoulême depuis plus de vingt ans ; on en découvre quelques vestiges dans le secteur Impasse du Logis, rue François Ier ; c’était là que se trouvait la fontaine François-Ier avant son transfert dans le jardin public au bord de la Touvre. En 1789, Pierre Labatud, le fils, était le détenteur de ce fief.

    Celui de Fissac a été acheté en 1769 par Claude Trémeau, juge au Présidial d’Angoulême et ancien Maire d’Angoulême (1757-1760), pour 51 600 livres (il a payé la finance ordonnée par arrêt de 1770 pour confirmer la noblesse). Il mourut en 1790 à 67 ans ; on lui réserva un enterrement de «1re classe» puisque outre le curé et le vicaire de Ruelle, étaient présents les curés de Mornac, de Magnac et l’ex-curé de Sigogne. Il laissa le domaine à son fils François qui pendant la Révolution signait «le Républicain et Montagnard Trémeau» ; sous l’Empire on rajouta à nouveau de Fissac au nom ; Alexandre Trémeau de Fissac, adjoint au Maire de Ruelle en 1808. Le logis de Fissac est situé entre la Touvre et la route du Pontouvre, près de la minoterie et du foyer.

    Lors de l’arpentement de 1742, le fief de Villement appartenait à Louis Robert Bourrée, écuyer. Il eut plusieurs filles : Jeanne, dame de l’Union Chrétienne, Françoise qui mourut à Villement en 1775 à l’âge de 84 ans, Blanche mariée à David Brumeau de Villeneuve, Thérèse mariée à Jacques-Pierre Salomon qui fut seigneur de Bourg, Cressé, Veillard… Thérèse eut au moins huit enfants dont Robert Salomon de Beaussaye qui, en 1789 détenait en partie le fief de Villement, selon la déclaration concernant la contribution patriotique. Le logis seigneurial se trouve lui aussi à proximité de la Touvre, en aval de la papeterie.

    Vigier de la Pile, dans son histoire de l’Angoumois au XVIIIe siècle ne signale pas le fief de Villement mais cite celui des Riffauds appartenant «à la dame de Neuvy, héritière du feu sieur Paulte» décédé en 1729 (un Paulte fut échevin et Maire d’Angoulême au XVIe siècle). Le fief était passé à la famille La Laurencie de Charras : Noël-Bertrand de la Laurencie de Charras, Marquis de Neuvy, avait épousé Marie Paulte, fille de défunt Jean Paulte, avant 1741 (et son père avait épousé en secondes noces Marie du Chazeau, la veuve de Jean Paulte et mère de Marie). Jean Paulte, écuyer, en 1697 et 1703 avait acquis du roi, héritier des Comtes d’Angoulême, les droits seigneuriaux sur des terres autour des Riffauds, les droits de pêche et de propriété sur les eaux de la Touvre, à charge de les tenir en fief du Roi, de lui en rendre foi et hommage. Lorsque le Comte d’Artois, frère de Louis XVI, reçut en apanage l’Angoumois, il racheta ces droits au prix de l’aliénation (pris payé par Jean Paulte) ; heureusement la Marquise de Charras avait eu la bonne idée de revendre en 1751 une partie de ces droits, ceux sur les eaux de la Touvre, à un prix deux fois et demie plus élevé.

    Le seigneur de Ruelle détenait 90 journaux 68 carreaux estimés 467 livres 2 sols, celui du Maine-Gagnaud 62 j. 150 c. estimés 500 livres 11 sols, celui de Fissac 66 j. 31 c. estimés 704 livres 16 sols, celui de Villement 200 j. 79 c. estimés 1 208 livres 15 sols, et celui des Riffauds 253 j. 86 c. estimés 1 069 livres 19 s.

    II ne s’agit là que de leurs biens à Ruelle ; certaines familles possédaient des terres affermées ou exploitées par des métayers dans d’autres paroisses : à Mornac le seigneur de Fissac détenait 176 j. 149 c. au revenu estimé 403 livres 6 sols ; Monsieur du Maine Gagnaud : 62 journaux (comprenant un moulin) au revenu de 341 livres dans la paroisse de Lhoumeau (au Pontouvre).

    Source : Michel Herbreteau, 1989.

  • Ils ont fréquenté l’Alma Mater, ils sont docteurs. Les médecins forment l’aristocratie de la profession. Moins nombreux que les chirurgiens, parfois revêtus du titre sans pour autant pratiquer. Qu’ils exercent ou non, j’en ai compté une vingtaine qui résident à La Rochefoucauld.

    Les docteurs en médecine recrutent surtout dans les rangs de la R.P.R.. A quatre exceptions près, Jacques Degorces, Jean Maignot (fils d’autre Jean Maignot, régent du collège de Saint-Florent), Pierre de Rassat et Abraham de Villemandy, ils sont tous protestants. Ce recrutement n’est pas fortuit : les protestants ont le goût de l’étude, la passion du savoir. Que l’on se souvienne des grands noms qui jalonnent la France des guerres de religion.

    Par une disposition dont je saisis mal le sens, on rencontre fréquemment des protestants, docteurs en médecine, qui ne s’engagent pas dans cette profession. Ainsi Pierre Boutaud, ministre de la parole de Dieu ; Jean Bolot et Pierre Rochard, principaux du collège R.P.R. Théophile Robertson, fils de l’ancien principal David Robertson ; David et Siméon Pascard, fils et petit-fils du glorieux ministre de la Rochefoucauld.

    Tradition qui se maintiendra longtemps au sein de l’église protestante, illustrée de façon exemplaire par la famille Clémenceau en plein XIXe siècle, au cœur de la Vendée.

    Ainsi se sont formées quelques dynasties. Pierre Dulignon, juge-assesseur, «homme docte et fort homme de bien en sa charge» — (la mention figure sur la page de garde du premier registre protestant de la Rochefoucauld) —, «Ancien» de l’église réformée, laisse trois enfants : Théodore, docteur en droit et juge-assesseur à la suite de son père ; Pierre et Jean Dulignon, docteurs en médecine. Pierre Dulignon quitte la Rochefoucauld pour Angoulême où il exerce à Marjevols. Il a acqis la charge de «Médecine ordinaire, intendant des bains et fontaines minérales dela province du Languedoc» ; à son tour, il a un fils, autre Jean, qui quitte la médecine pour le barreau ; le voici Conseiller du Roi et procureur à Marjevols. Quant à Pierre, le médecin fixé à Angoulême, il a un fils, également prénommé Jean, avocat au Parlement de Toulouse et une fille mariée à Julien de La Forcade, Me horloger.

    La médecine et le barreau, tournés vers le social, vers l’assistance aux autres, se disputent les faveurs de la bourgeoisie protestante. Si l’on ne va pas aussi loin, on se fait apothicaire, tels les Dulignon de la branche cadette.

    Si ses diplômes lui valent un certaine considération, le médecin n’en est pas moins moqué. Nous les connaissons surtout, écrit Marion, «par les plaisanteries dont les a criblés Molière (et avant lui Rabelais) et ils passent pour avoir eu plus de prétentions que de mérite» et l’auteur cite à l’appui de son affirmation les cris indignés que l’on relève dans beaucoup de Cahiers de doléances en 1788 à l’encontre de ces «assassins patentés». C’est que le recours aux médecins est coûteux, que la médecine n’est pas encore entrée dans l’âge scientifique et que beaucoup se disent en leur for intérieur que les remèdes de bonne femme sont aussi efficaces à moindres frais.

    Le statut social du médecin l’assimile à l’avocat et au bourgeois vivant noblement, mais, dans l’ignorance où l’on se trouve encore du fonctionnement du corps humain, que peut-il d’autre que de reprendre sur un ton doctoral les gestes familiers aux empiriques ?

    Clysterium donare
    Postea seignare
    Ensuita purgare…

    récite le bachelier en médecine du «Malade imaginaire». Que convient-il alors de faire si le patient ne veut pas guérir interrogent tour à tour les examinateurs lors de la soutenance de la thèse ? Eh ! bien, on recommence : clysterium donare, postea seignare… ânonne le bachelier dans son latin de cuisine avant d’être reçu docteur sous les vivats du jury. Il a si bien parlé le nouveau docteur… Qu’il vive donc mille et mille années ! Qu’il mange, qu’il boive, qu’il saigne et qu’il tue ! La chute est cruelle. Non, tous les médecins ne témoignent pas d’une pédanterie si accablante au temps de William Harvey et du docteur Fagon, archiâtre attaché à la personne du Roi. Mais l’ignorance où l’on se trouve encore des fonctions physiologiques limite singulièrement le pouvoir du médecin. En vient-on à dévoiler le mystère de l’ovulation ? Fi donc ! Se récrient les Précieuses, nous prend-on pour des poules pondeuses ?

    A tout prendre, le diagnostic vaguement formulé, c’est encore chez l’apothicaire que l’on a quelque chose chance de trouver le moyen d’une guérison hypothétique.

    La population des villes paie un tribut sevère au «mal contagieux» qui se réveille de temps en temps. Plus dispersé, le monde rural se défend mieux contre les maladies épidémiques.

    La lèpre disparue, la peste et le choléra font renaître les terreurs ancestrales. Tesseron a dressé un tableau saisissant de la peste d’Angoulême en 1629-1630.

    La contagion chemine depuis la fin de l’année 1629. Les notables ont pris rapidement le large. Jean Guérin, le maire, reste seul ou presque. Il supplée comme il peut aux défaillances, réquisitionne les blés, les vins, les vivres, ordonne que les foyers contagieux soient déclarés. Le cours du blé est plafonné, les marchands tenus de laisser visiter leurs greniers par les commissaires désignés. Médecins, chirurgiens, apothicaires, maintenus sur place sont appelés à veiller aux mesures d’hygiène. Un contrat en règle est passé devant notaire avec le maître apothicaire Descombes, tenus de «traiter, panser et médicamenter bien et dûment tous les habitants qui sont frappés et affligés de maladie contagieuse, faire toutes les opérations, fournir de toutes drogues et médicaments». Au commencement de chaque mois, il lui sera fait une avance, lse pauvres devant recevoir «toutes drogues convenables gratuitement et sans aucun salaire».

    Cependant, le mal contagieux suit son cours. L’exode se précipite : magistrats, bourgeis, religieux fuient la cité. Assisté de deux échevins et de quatre pairs sur les cent membres que compte le corps de ville, Jean Guérin mène les opérations. Le 11 septembre 1630, il fait dresser un acte pour rendre compte de la gravité de l’épidémie. Les Jésuites ont pris rapidement des mesures sanitaires efficaces : les écoles sont fermées ; les religieux atteints ou trop âgés sont envoyés aux champs. Quant à ceux qui restent, ils ne sortent qu’avec «des habits parfumés avec une éponge imbibée de fort bon vinaigre». Frappés du même mal qui décime l’Europe entière, les Italiens portent un faux nez qu’ils appellent drôlement «Dotorre de la pesta». Jacques de Vinceguerre, maître parfumeur à La Rochefoucauld combat le fléau selon ses moyens en désinfectant les foyers. On ne suspecte pas encore l’agent responsable, — il s’en faut de deux siècles et demi —, mais en attendant la révolution pastorienne, on se méfie des miasmes, des effluves, du contact rapproché avec des personnes atteintes. Angoulême est totalement abandonnée des gens de qualité «fors quelques dix ou douze, qui y sont encore de présent et sur le point de s’en aller», aveu mélancolique. Tous ont fui «même Monsieur l’évêque, doyen, chanoines, religieux et religieuses».

    Le 5 octobre, Jean Guérin n’a plus pour l’assister que l’un de ses échevins, Jean Thomas, sieur de Saint-Simon. Les documents les plus précieux sont «mis au four», dans un sac, en vue de les désinfecter.

    A La Rochefoucauld, l’épidémie frappe à plusieurs reprises. Un acte du 7 mai 1648 reçu par le notaire Desaunières et par lequel Jacques du Carroy, au nom du duc François V, afferme «le droit de péage et traverse» , autrement dit le droit d’entrée à l’intérieur des murs de La Rochefoucauld, précise :

    «et pour ce que le trafic a été interrompu en cette ville au mois de juillet, août et septembre, à cause de la maladie contagieuse qui était en quelques endroits, au moyen desquels les dits droits de péage n’ont pu être levés, il a été accordé que pour cette non jouissance, il sera déduit et rabattu audit Lamachère (signataire du contrat) la somme de trente livres».

    Ces médecins dont on dénonce l’âpreté au gain, il arrive qu’ils fassent des actes gratuits. Abraham de Villemandy, exception dans cette famille très protestante et demeuré catholique. Le père Agatange de Saint-Léonard, prieur des Carmes, entouré des révérends pères Bernardin de Saint-Hary, Juste de Saint-Albert, procureur-syndic, Pierre-Thomas de Saint-Jean Baptiste, Hugues de Saint-Valentin et Ildefonse de la Vierge-Marie, rappelle que ce médecin a soigné depuis vingt ou vingt-cinq ans les membres de la communauté «dans toutes les maladies quis sont survenues aux religieux défunts comme les soins charitables qu’il a toujours eu pour eux depuis ce temps sans en avoir retiré aucun paiement, salaire ni récompense et par une bonté toujours particulière a toujours bien continué».

    Aussi, lui accorde-t-on pour lui et les siens une sépulture dans la chapelle des Carmes proche de celle de ses beaux-parents, Daniel Danias, vivant maître apothicaire, et son épouse.

    Source : La Rochefoucauld au péril de Calvin, d’Yvon Pierron.

  • Gaston Viault, écuyer valeureux, pour maintenir du lien d’Aignes l’église, a suscité les tenanciers meilleurs de recouvrer leur première franchise, et de faire une cloche établir, que les maudits huguenots de la France et les mécréans au roy ont fait démolir, et appaiser la divine puissance…

    … Pierre Perier, perrin sus-nommé Provençal. — Anne Colombe, la merrine, m’ont nommé, 1590. — Sanctus Marcialis.

    (Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente, 1901)

  • Beaucoup d’entre elles sont contemporaines de l’irruption dela classe marchande sur la scène locale au début du XVIIe siècle. Il se peut qu’elles aient remplacé des constructions plus anciennes, ruinées par les temps mais leur classicisme laisse peu de doute quant à la date de leur fondation.

    Les dynasties bourgeoises se sont réparties l’espace rurale, Albert à la Marvaillière (Taponnat) ; les Barraud à Lagerie (La Rochette), aux Doussineaux (Rancogne) ou la Ménardière (Rivières) ; les Desaunières à la Maison-Blanche, à Glory et à Roumagne (Rancogne et la Rochefoucauld) pour l’une de ses branches ; à la Basse-Ville et à la Vacherie (Saint-Adjutory) pour l’autre ; les Dulignon à la Mirande de Rancogne et aux Charumes de Saint-Sornin ; les de Garoste au Roule (Rancogne) et à Russas (St-Adjutory) ; la famille Héraud aux Espinasses (Taponnat) ; les Jarrigeon à la Villandière (Rivières) ; les Lériget à la Taillandière (Taponnat) et à Bourdelière ; les Maret à Cloulas (Fleurignac) et à Saint-Projet ; les Mathieu à la Bergerie ; les Mayou à Lespardelière (Saint-Adjutory), les Pasquet à Cloulas-Fleurignac, Lavaud (Rivières), Lagebaston et Rochebertier ; les Pintaud à Fonceau et à la Maison-Blanche de Saint-Constant ; les Poutignac à la sortie de la Rochefoucauld à la Braconne d’Yvrac et à Libourne (Saint-Projet), les Regnaud à la Mirande (Marillac) et à Taponnat ; les Sautereau à Olérat ; les Villemandy à Anthieu, à la Croutelle, à la Vallade, à la Mesnière et au Maine-Charnier.

    Cette liste est loin d’épuiser le sujet. Bien entendu, il y a encore la maison en ville, ces belles maisons patriciennes qui font la gloire de la grande rue et de la rue des Halles et pour les plus fortunés, proches du présidial, l’hôtel particulier d’Angoulême avec sa porte cochère et sa cour intérieure, fierté des bonnes maisons.

    Nous connaissons la date de construction de quelques unes de ces maisons de la ville ou des champs. Les deux frères Pierre et Henry de Saunières ont fait construire les leurs vers le milieu du siècle, Henry, en 1645, dans le bas de la grande rue là ou se trouve aujourd’hui l’hôtel de France ; les initiales H D S sont mentionnées en même temps que la date. Pierre de Saunières a fait construire sa maison au lieu-dit «entre les ponts» sur la rive droite de la Tardoire face aux moulins du château. Cette maison était connue à l’époque sous le nom de Laurière dont Pierre avait pris le nom pour se distinguer de son frère, sieur de l’Hermitage. La date de construction est rappelée sur le proche : 1649.

    L’une des portes du logis du Roule porte la date de 1638.

    Ce logis aux façons de gentilhommière rappelle que son hôte Pierre de Garoste, avocat au présidial, l’un des Pairs de l’assemblée de ville portait le titre de «noble homme». Cette distinction n’est pas tout-à-fait la noblesse mais elle incline à vivre «noblement».

    Source : La Rochefoucauld au péril de Calvin, d’Yvon Pierron.

  • La Laurencie de Villeneuve (Charles Henri de). — Poitou. D’azur à un aigle d’argent, à deux testes, le vol abaissé.

    VIII. François de La L., éc., sgr de La L., x Marie de Plouër.

    VII. Christophe de La L., éc., sgr de Villeneuve, x c. 27-VII-1528 Marie de La Chambre.

    VI. François de La L., éc., sgr de Villeneuve, x Jeanne Frotier.

    V. Gabriel de La L., éc., sgr de Villeneuve, x c. 11-II-1603 Catherine Chesnel.

    IV. Charles de La L., éc., sgr de Villeneuve, gentilh. de la ch., x c. 8-VII-1624 Luce de Montbron.

    III. Henri de La L., éc., sgr de Villeneuve, x c. 3-VIII- 1660 Renée de Castello.

    II. Pierre Henri de La L., chev., sgr de Villeneuve, m. n. le 29-I-1700 par Maupeou, int. de Poitou, x c. 29-VIII-1685 Jeanne du Laux.

    I. Charles Henri de La Laurencie de Villeneuve, né et bapt. le 7-VI-1686 à Villeneuve-Ia-Comtesse, dioc. de Saintes.

    Preuves du 30-IV-1701. (fr. 32.101, fol. 260).

    Source : Les pages de la Grand écurie, de François Bluche.

  • Estât des particuliers dénommez au roolle arresté au Conseil de Sa Majesté pour la confirmation de leur noblesse déclairés roturiers par l’arrest cy-dessus. (7 novembre 1668)

    Et premièrement, Guillaume Lambert, sieur du Maine-Giraud.

    2. Jean Lambert, sieur de Rocheffort.
    3. Antoine Lambert, fils dudit Guillaume.
    4. Guillaume Lambert, cy-devant procureur du Roy.
    5. François Lambert, à présent procureur du Roy, son fils.
    6. Raymond De Villoutrays, sieur de la Diville.
    7. Pierre De Villoutrays, son fils.
    8. Les Enfans de deffunt Pierre Avril, avocat.
    9. N Descombes, sieur du Maine-Gaillardon.
    10. Jean Moulin, cy-devant lieutenant-criminel.
    11. Jacques De Villoutrays.
    12. Les Enfans de deffunt Hélies De Villoutrays.
    13. Hélies Martineau, sieur de Barrière.
    14. Pierre Balue, sieur de Montgaudier.
    15. N Balue, sieur de Coursac.
    16. N Balue.
    17. Henry Pasquet, sieur de Lage-Baston.
    18. Abraham Pasquet, sieur de Lage.
    19. Toussainct Falligon, sieur des Gaignieres.
    20. François Falligon, sieur de Villeneuve.
    21. Pierre Thomas, sieur des Maisonnettes.
    22. Antoine Thomas, sieur de Lézignac.
    23. Jean Thomas, sieur des Bertonnières.
    24. Jean Jameu.
    25. Marcq Guillaumead, sieur de Ruelle.
    26. N Aigron, sieur de la Motte.
    27. N Aigron, son frère.
    28. N Aigron, sieur de la Font.
    29. Pierre Birot, sieur de la Barrie.
    30. N Birot, médecin.
    31. N Birot, son filz.
    32. Charles Feriiend, sieur des Roches.
    33. Jean Mauronnier (maurougné), sieur du Parcq.
    34. Jacques Mauronnier (maurougné) , sieur de Grapillet.
    35. Anthoine Boisson, sieur de Bussac.
    36. Clément Boisson, sieur de Dirat.
    37. Hélies Boisson.
    38. Jacques Boisson.
    39. Jean Boisson.
    40. N Boisson.
    41. Hélies Desruaux.
    42. Pierre Faure, sieur de Courgeat.
    43. Estienne Chilloux, sieur de Fontenelle.
    44. Les Enfans de N Souchet, sieur de la Dourville.
    45. Les Enfans de N Souchet, sieur des Chadennes.
    46. Jean Souchet, sieur des Doucetz, lieutenant criminel d’Angoulesme.
    47. N Barraud, sieur de Goueix.
    48. N Barraud, sieur de Boisse.
    49. François Des Bordes, sieur du Mayne-Dupuy.
    50. N Des Bordes, sieur de Combedieu.
    51. Jean Racaud, conseiller.
    52. Antoine Racaud, sieur de Laugerie.
    53. Anneï- De La Charlqnnie, sieur d’Auteroche.
    54. Allain Arnaud, sieur de Çhalonne.
    55. N Viroulaud, sieur de Marillac.
    56. N Barbier De Signac.
    57. François Saunier, sieur de Francillac.
    58. Jean Mesneau, sieur de la Motte.
    59. N Mesneau, sieur de la; Brousse.
    60. Anthoine Trigeau, sieur de la Prade.
    61. Pierre Barreau, sieur de Lage.
    62. N Barreau, sieur de Denat.
    63. N Barreau, sieur de Beauregard.
    64. Louis Bernard, procureur du Roy en l’Eslection.
    65. Louis Bernard, lieutenant particulier au Présidial d’Angoulesme.
    66. Pierre Desforges, advocat.
    67. N Desforges, conseiller, son filz
    68. Jacques Pichot, sieur de Rophie (Roffy).
    69. Jean Guimard, sieur de Salles.
    70. Samuel Pasquet, sieur de Piedgut.
    71. François Pommet, sieur des Trapes.
    72. Jean Gillibert, sieur des Vaux.
    73. Jean Dutiers, sieur de la Rochette.
    74. David Barbox.
    75. Marcq Barbot, son filz.
    76. Pierre Desbrandes,
    77. N Desbrandes, son filz.
    78. Jean Rousseau, sieur de la Bourelie.
    79. Jean Préveraud, sieur des Mardieres.
    80. Pierre Briand, sieur de la Chaussée.
    81. Jean Preveyraud (préveraud), sieur de la Piterne.
    82. Jean De Lestoile, sieur de la Croix.
    83. N De Lestoile, son filz.
    84. Samuel Pacte, sieur des Riffaux.
    85. Jacques Macrin, conseiller.
    86. François Birot, sieur d’Amblecourt.

    (Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente, 1867)

  • « Le dix neuf octobre mil sept cent quatre vingt cinq ont été faites les cérémonies de l’enterrement de messire f. m. rené de lalaurencie de charas doyen de l’église d’angoulême et vicaire général du diocèse dont le corps a été transporté et inhumé dans la cathédrale la cérémonie faite en présence des soussignés… de montozon ancien curé de sigogne, naud curé de touvre, duplessis curé de mornac, biget, bernard curé, joubert curé de ruelle. »

    Source : Généalogie Charente Périgord.

  • Anne-Jeanne Roëttiers de La Chauvinerie, marquise de Lalaurencie-Charras et Marie de Lalaurencie-Charras sa belle-sœur.

    Il est difficile, même après avoir lu les dossiers de jugement de ces deux dames, de dire de quelles fautes, de quel péché véniel elles pouvaient être accusées; ce qu’il y a de plus clair, c’est qu’elles étaient ci-devant nobles, comme on disait dans le temps, et qu’elles avaient pour adversaire l’infernal Fouquier-Tinville, le fabricateur d’accusation, la hache exterminatrice du parti de la Terreur.

    Elles furent toutes deux dénoncées par le comité révolutionnaire de la section du Mont-Blanc comme suspectes, en vertu de la loi de Merlin de Douai. Elles habitaient la commune d’Asnières, près Paris, avec le marquis de Charras, leur époux et frère, ancien inspecteur des maréchaussées, qui eut lo bonheur ou le malheur d’être tellement malade qu’on ne put le transporter en prison. Comme il me serait impossible d’extraire des trois pièces qui composent le dossier de Mme la marquise de Charras une seule raison de condamnation, je vais en citer les passages les plus saillants; c’est le seul moyen de faire connaître les procédés de justice de cette machine de destruction que le montagnard Lecointre (de Versailles) définissait ainsi : « Qu’est-ce qu’un tribunal révolutionnaire?… C’est un tribunal arbitraire où le parti dominant envoie ses victimes. »

    Dont le conventionnel Doulcet-Pontécoulant a dit : « Les tribunaux révolutionnaires n’ont trouvé partout des coupables que parce que le gouvernement de la Terreur voulait qu’on trouvât partout des coupables. »

    Et Bordas (de la Haute-Vienne), autre conventionnel : « C’est une caverne d’assassins (1) ! »

    Voici l’interrogatoire subi devant Deliège, juge au tribunal criminel et révolutionnaire de Paris :

    « D. Les nom, âge, profession, pays et demeure?

    « R. Anne-Jeanne Roëttiers de La Chauvinerie, femme de Charras, ci-devant marquis (2), âgée de quarante et un ans, native de Paris, demeurant à Asnières, département de Paris, district de Franciade (Saint-Denis).

    « D. Où est actuellement son mari?

    « R. A Asnières, bien malade.

    « D. Quelles sont ses opinions sur la Révolution?

    « R. Qu’elle trouve bien fait ce qu’elle a fait.

    « D. Ce qu’elle pense du jugement du tyran et de son infâme femme?

    « R. Que puisqu’on les a jugés, elle pense qu’ils méritaient de l’être.

    « D. Connaissez-vous la femme Billens?

    « EL Oui, mes parents étaient bien liés avec les siens.

    « D. Avez-vous su si l’on n’a pas tenu chez elle des conciliabules tendant à rétablir l’ancien régime?

    « R. Que non.

    « D. Si elle a un conseil?

    « R. Qu’elle nomme le citoyen Villains.

    « Lecture faite, elle persiste, etc. »

    Sur cet interrogatoire Fouquier-Tinville brocha l’acte d’accusation suivant :

    « Examen fait des interrogatoires, il résulte que ladite Charras était l’ennemie de la Révolution; que c’était chez elle que les contre-révolutionnaires tenaient leurs conciliabules; que l’on y tenait les discours les plus incendiaires contre la Convention nationale, contre les patriotes et contre Paris; on disait où il fallait mettre le feu afin d’en brûler toute la canaille, qui n’était bonne à conserver que du jour au lendemain; qu’elle paraît même avoir conservé des correspondances avec l’émigré Corberon.

    « En conséquence, l’accusateur public requiert…. Le 7 pluviôse an II. »

    Le 11 du même mois, la malheureuse dame comparaissait devant le tribunal révolutionnaire, composé de André Coffinhal, faisant fonctions de président; Pierre-Noël Subleyras et François-Joseph Denizot, juges; Gilles Liendou, substitut de l’accusateur public. Voici les questions posées au jury :

    « Est-il constant qu’il a existé des intelligences et correspondances avec les ennemis dela République, tendant à favoriser par tous les moyens possibles le succès de leurs armés et leur entrée sur le territoire français, anéantir la souveraineté du peuple, dissoudre la représentation nationale, rétablir la royauté en France?

    « Anne-Jeanne Roëttiers de La Chauvinerie, femme de François Charras, ci-devant marquis, est-elle du nombre de ceux qui ont entretenu lesdites intelligences?

    « La déclaration du juré (3) est affirmative sur toutes les questions. »

    Il paraît que cette dame et son mari s’étaient toujours montrés d’une bienfaisance et d’une générosité qui le? avaient rendus la providence de la contrée, aussi la population s’émut de leur arrestation. La société populaire d’Asnières se réunit et prit plusieurs délibérations dans l’une desquelles on lit ce qui suit : « Depuis vingt mois que la citoyenne Charras et son époux résident en cette commune, ils ont tenu une conduite sans reproche; que, au contraire, la société do ladite commune ne peut que leur donner les marques d’estime que l’on doit aux bons Français, et que les membres de ladite société peuvent et croient devoir attester devant les citoyens qui composent le tribunal révolutionnaire, que la citoyenne Charras et son époux ont toujours donné les preuves de leur zèle pour la chose publique, et qu’ils se sont montrés jusqu’à ce jour les amis de l’humanité, en soulageant la classe indigente d’uu côté, et mettant les premiers la main à l’œuvre lorsqu’il s’agissait de sacrifices envers la patrie. C’est pourquoi il a été arrêté, après nuire délibération de l’assemblée, qu’il serait nommé six commissaires, pris dans son sein, pour porter et remettre le présent extrait entre les mains de qui de droit. » Un grand nombre de signatures suivent au bas de cette pièce, qui est au dossier.

    Mais que pouvaient faire les efforts de toute une population reconnaissante auprès de ce tribunal de sang, dont le septembriseur Danton, qui fut son créateur et sa victime, disait : « Je demande pardon à Dieu et aux hommes de l’avoir fait décréter ! »

    La malheureuse femme fut condamnée à mort et exécutée le même jour.

    (Archives de l’Empire, W, 316, dossier 477.)

    Marie de Lalaurencie-Charras.— Il n’existe pas plus de charges contre cette victime que contre la précédente. La procédure fut identique : interrogatoire insignifiant, acte d’accusation faux et sans base, questions aux jurés inventées et étrangères au procès, condamnation capitale inique, telle est Pu raccourci la physionomie de cette nouvelle affaire. Au forai, tout cela n’était qu’une hypocrite comédie; il ne s’agissait pas de punir des coupables, mais bien d’anéantir des adversaires.

    Mlle Marie de Lalaurencie était, comme son frère, native de Chatras, qu’elle avait habité toute sa vie, et elle eût mieux fait d’y rester. Depuis deux ans elle s’était rapprochée de son frère et de sa bellesœur qui habitaient Asnières, comme nous l’avons déjà dit. Son frère, très malade, avait réclamé ses soins, et elle n’avait pas hésité à braver le danger pour aider, dans cet acte pieux, sa belle-sœur, la malheureuse qui tomba sous le glaive de la loi, comme disait Fouquier-Tinville, quelques mois avant elle.

    Il paraît que ce fut le même comité révolutionnaire de la section du Montblanc qui la fit arrêter comme sa belle-sœur.

    Des différents interrogatoires qu’elle subit, il résulte qu’on lui reprocha :

    1° De n’avoir pas excité son domestique Delveau à faire son service dans la garde nationale, ce qui la rendait suspecte. — A quoi elle répondit qu’elle ne s’était jamais informée si son domestique faisait ou ne faisait pas son service.

    2° On lui demanda si elle n’avait pas porté le deuil du tyran Capet, et combien de temps? — Répond qu’elle ne l’a jamais porté.

    3° Si elle n’avait pas des frères émigrés?—Répond que trois de ses frères sont absents depuis 1779, qu’elle les croit émigrés, mais qu’elle n’en a jamais eu de nouvelles.

    4° Si elle n’a pas fréquenté la femme du ci-devant président Billens-Guibeville (4) et le marquis de Corberon? Et, attendu qu’ils sont connus pour aristocrates, il ne peut manquer pour elle d’en être de même. — Répond qu’elle les connaît, mais ne les a jamais fréquentés; que du reste elle n’est pas de leur avis.

    Aucune autre question, aucun autre reproche ne lui fut adressé, tout se borna à ces quelques suppositions; aucune autre preuve ne fut administrée. Là-dessus Fouquier-Tinville bâtit l’acte d’accusation qu’on va lire :

    « Antoine-Quentin Fouquier, accusateur public du tribunal révolutionnaire, expose que Marie Lalaurencie-Charras, âgée de quarante-deux ans, native de Charras, près d’Angoulême, demeurant à Asnières, près de Paris, a été renvoyée au tribunal révolutionnaire.

    « La fille Charras est sœur (il faut lire belle-sœur) de celle que le glaive de la loi a déjà frappée; elle portait la haine contre la Révolution au dernier période; on l’a vue porter le deuil du tyran Capet; ses discours révoltaient même jusqu’aux citoyens les plus indifférents sur la Révolution, et les aristocrates eux-mêmes prétendaient que la Charras était d’une aristocratie puante.

    « D’après l’exposé ci-dessus, l’accusateur public a dressé la présente accusation contre la fille Charras pour avoir conspiré contre le peuple français.

    « Fait au cabinet de l’accusateur public, le 25 germinal, l’an II de la République. »

    Le 29 germinal, Marie Lalaurencie-Charras parut au tribunal révolutionnaire, et après une apparence de débat, voici les questions posées au jury :

    « Est-il constant qu’il a existé des conspirations contre la liberté, la sûreté du peuple, tendant à rétablir la tyrannie et à détruire le gouvernement républicain, par suite desquelles conspirations des intelligences ont été entretenues avec les ennemis intérieurs et extérieurs, des secours en hommes et en argent ont été fournis, des moyens de corruption et de trahison ont été employés pour exciter la guerre civile, affamer le peuple, détruire la fortune publique, assassiner les patriotes, avilir et dissoudre la représentation nationale?

    « Marie Lalaurencie-Charras est-elle complice de ces conspirations?

    « La déclaration du juré est affirmative sur toutes ces questions.

    « Paris, le 29 germinal, l’an II de la République.

    « Signé : Dumas, président; Ducray, commis-greffier. »

    En conséquence de ce verdict, Marie Lalaurencie-Charras fut condamnée à mort pour une conspiration dont il n’y avait même pas traces dans l’affaire; elle fut exécutée le même jour. De crime, il n’y en a pas même d’apparences; mais, comme je l’ai dit, elle était noble, sœur de trois émigrés, et de plus belle-sœur d’une guillotinée. Or, il entrait dans les principes de ces messieurs de frapper les proches parents de ceux qui avaient déjà subi cette peine; car, disaient-ils, jamais les ex-nobles ou les parents des guillotinés n’aimeront la Révolution (5).

    (Archives de l’Empire, W, n° 348, dossier 702.)

    Notes :

    1. Voir la Justice révolutionnaire à Bordeaux, par Fabre de La Benodière. Discours de rentrée de la cour impériale. 1865.

    2. Ils étaient père et mère de feu le marquis de Charras, ancien député de la Charente sous la Restauration, mort il y a quelques années au château de Montchaude, près Barbezieux.

    3. On sait qu’à cette époque on appelait le juré ce que nous nommons aujourd’hui le jury.

    4. Celle malheureuse dame avail été jugée et décapitée avec Mme la marquise de Charras.

    5. Le tribunal était composé de René Dumas, président; Gabriel Deliège et Joseph Denizol, juges; Edmond Lescot-Fleuriot, substitut de l’accusateur public; Anne Ducray, commis-greffier. Je n’ai trouvé au dossier que les noms de qualre jurés : les citoyens Trinchard, Lumière, Desboisseaux, Besnard. Le défenseur était Chauveau-Lagarde.

    Source : Les victimes de la terreur du département de la Charente, de Stéphane-Claude Gigon.

  • En 1632, le nouveau prieur, voulant y habiter, fait dresser un état des lieux. Les vents s’engouffrent dans l’édifice, absolument inhabitable « même une seule heure ». Plus de toiture aux chapelles. Clocher et chœur sont découverts, la voûte de la nef effondrée. Enfin, plus de tuiles sur la charpente… Existent encore, mais souvent en fort mauvais état, réfectoire, cuisine, dépense, boulangerie, caves, greniers, grange, écuries. Quelques réparations sont effectuées par les abbés, de 1632 à 1640, en récupérant notamment des rentes que s’était appropriées le seigneur de Charras, profitant des malheurs du temps. En 1641, la métairie de l’abbaye possède deux bœufs, vingt-sept brebis, deux charrettes. L’abbé Jean VII de la Font vint résider à l’abbaye et essaya d’y mettre de l’ordre. Il s’efforça de reconquérir les domaines usurpés. Il obtient ainsi du seigneur de Mainzac la restitution d’une rente de quarante-neuf boisseaux de froment, quatre de seigle et de sept gélines. Le même abbé dit et remontre en 1641 « que son abbaïe a estée ruinée depuis longtemps et bruslée par les Huguenots, ainsi comme il ce vois par les vestiges et ce cougnois encore dans des antiens cartelages, et a esté tenue en confidence par des abbés commendataires et sans provision de Roume et mesme par Vincent de Villards de la maison de Minzat, qui se disoit abbé de ladite abbaïe et en a joui l’espace de dix à douze ans et faisoit donner quittance des recettes qu’elle recepvoit par une certaine femme nommée Marie Guichard qui faict voir que jouissant de lacdite abbaïe il s’est emparé de tous les tiltres et en ont faict faire d’aultres et arpentemens de leur authorité à leur avantage… »

    Source : La Charente sous Louis XIII, de Gabriel Tesseron.

  • L’histoire se situe au village d’Herpès, ancien fief relevant de la châtellenie de Neuvicq. Le dernier possesseur du château était M. de La Laurencie, marquis de Charras qui avait droit de basse et moyenne justice.

    Ce seigneur peu banal, qui était le père du dernier marquis possesseur du château, alimenta la chronique locale car il était réputé pour être avare et violent. Un jour, il avait requis pour faire conduire sa récolte de vin, 24 manants pour conduire 24 charrettes. Après avoir chargé au château qui se situait bien à deux kilomètres du bourg, les paysans devaient mener leur charroi jusqu’à Jarnac, situé à une douzaine de kilomètres. Or, un des habitants n’avait qu’un boeuf. Il décida donc de s’adjoindre un voisin. En groupant leurs bêtes ils pouvaient ainsi constituer l’attelage manquant.

    « Pour ce voyage pénible dans des sentiers comme on en voyait dans ce bienheureux temps, ils reçurent comme rétribution 5 sols par attelage et un souper au château ». Au retour de cette course de plus de 24 kilomètres, les deux Herpois affamés allèrent donc s’attabler avec les autres. Les mauvaises langues de l’époque prétendirent que le repas fut des plus médiocres si l’on s’en réfère à l’avarice du maître des lieux. C’est alors que le vieux marquis entra tout à coup.

    Mais laissons place au conteur relatant l’altercation :

    « Le marquis compte ses gens, les recompte…vingt-cinq ! Il y en a un de trop ! s’écrie t’il d’une voix tonnante ! Nul ne bouge. Il fait un second dénombrement, même résultat ; ils sont 25. Il veut connaître l’intrus. Il tempête, si bien que le pauvre diable se lève, se jette à ses genoux et lui explique sa présence presque justifiée par le prêt de son boeuf. La fureur du marquis ne connaît plus de bornes.

    Rends-moi mon souper, coquin ! hurle t-il et ses yeux cherchent un bâton quelconque pour assommer le voleur. Notre manant comprend qu’il n’a que le temps de fuir. Il s’échappe, mais pas assez vite pour éviter le terrible marquis qu’il trouve à la porte extérieure du château décidé à étrangler le voleur qui lui emporte son souper ».

    Pendant la période révolutionnaire, le marquis de Charras résidait dans la région parisienne où il échappa au rasoir national eu égard à son état maladif. Mais son épouse et sa soeur, accusées de complicité à l’émigration, périrent sur l’échaufaud . La plupart des La Laurencie émigrèrent et passèrent à l’armée de Condé.

    Source : La Charente au XVIIIe siècle, de Gabriel Tesseron.