Généalogie Charente-Périgord (GCP)

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  • A la suite du décès, arrivé au château de Puyguilhem, en juillet 1766, de Pierre-Louis Chapt de Rastignac, comte de Puyguilhem, un inventaire de ses meubles fut dressé au mois d’octobre suivant, à la requête de ses trois enfants, « très haut et très puissant seigneur messire Jacques-Gabriel Chapt de Rastignac, comte de Rastignac, baron de Luzech, première baronnie du Quercy, sgr de Combebonnet, Clermont dessous, Villars, Milhac, l’Encontrade de Champagnac, Firbeix et autres places, enseigne des gendarmes-Dauphin, mestre de camp de cavalerie et chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis; très haut et très puissant sgr Gabriel Chapt de Rastignac, chevalier de Puyguilhem, mousquetaire de la 1re compagnie, et très haute et puissante dlle Jeanne-Charlotte Chapt de Rastignac, dlle de Puyguilhem », en présence de Joseph de Lestrade de Bouilhem, chevalier, sgr de la Trémouille.

    Dans la grande salle à manger du château de Puyguilhem citons 6 pièces de tapisserie d’Aubusson en verdure, dont 3 fort usées; dans la chambre, appelée chambre boisée, au bas de la tour, un sopha garni de damas des Indes et dans le milieu d’une étoffe à fleurs, un lit garni de même. Le ciel, dossier et tour de lit d’étoffe en soie avec fleurs d’or et d’argent, 6 portraits de famille et 8 petits tableaux à cadres dorés, une carte de France.

    La salle de compagnie est parquetée, plafonnée et boisée, en entier à l’exception de la place qu’occupent 6 tableaux encastrés, représentant l’histoire de Aieleagre et Alalante et 3 autres petits tableaux de paysage; au-dessus de la cheminée qui est en marbre, il y a une glace à cadre doré de 4 pieds 1/2 de haut; en face une autre glace de 3 p. sur 5 1/2, surmontée d’un fronton en bois sculpté et doré, fauteuils à l’ancienne mode de tapisserie à gros points.

    Le petit salon à manger est tendu de 4 pièces de tapisserie à personnages.

    Une salle vernie en bleu contient 2 tables couvertes de tapis d’Aubusson sur l’une desquelles se trouve une bourse de velours brodé d’or renfermant 91 jetons d’argent, dont partie aux armes de la maison de Rastignac.

    Dans l’office, le notaire rencontre l’argenterie : « une écuelle, une huilière, une paire de mouchettes, un sucrier, 2 petits flambeaux, autre paire de mouchettes sans porte mouchettes, 4 cuillers à ragoût, 27 couverts, 12 cuillers à café, une ancienne cuiller, une cafetière, le tout d’argent du poids de 20 livres; 11 couteaux à manche d’argent, une paire de girandoles d’argent aché, 7 plats et 52 assiettes de faïence, 4 tasses à café en porcelaine, 3 saliers et 3 huiliers de cristal.

    Une armoire placée dans la chambre dite de la Cabane renferme une livre d’étain, un calice d’argent, une seringue d’étain fin avec sa boite de cuir, 4 boites à toilette, une couverture de toilette en velours cramoisi, des rideaux de lit en pequin ou satin des Indes en velours cramoisi avec son impériale contenant les petits et grands pentes, dossier, bonnes grâces et 3 soubastements.

    Dans la chambre placée au-dessus de la salle de compagnie « la cheminée est à l’antique en sculptures en pierres et à personnages assez en bon état »; elle est garnie de 3 tapisseries, l’une à personnages, les 2 autres à ramages. La salle placée au-dessus du petit salon à manger est boisée et vernie en jaune, à l’exception de la place qu’occupent 5 tableaux et 4 pièces de tapisserie d’Aubusson à ramages et verdures où sont les armes de la maison de Rastignac; à signaler dans cette salle, une pendule à répétition, une table à écrire avec une grande écritoire fermant à clef garnie de sa boite et sablier, une petite clochette de composition.

    Tapisseries à personnages dans la pièce haute dite de la Tour, 3 tapisseries d’Aubusson à personnages dans une autre chambre.

    Une armoire à quatre portes placée dans une petite pièce renferme les titres et papiers de la maison et terre de Puyguilhem : notons parmi ceux décrits par le notaire, le contrat de mariage du défunt avec Suzanne-Anne Dulaux d’Allemans du 27 mars 1734 (Saunier nro); le testament de cette dernière du 3 septembre 1754 (Pindrai); celui de Jacques-Gabriel Chapt de Rastignac comte dud. lieu, baron de Luzech, sgr de Clermont, Combebonnet et Sarrazac, du 28 octobre 1738 (Combe); celui de Françoise Chapt de Rastignac, marquise de Laxion, de Puyguilhem, Villars, Milhac, Firbeix, Montchapeix et la Glandie, du 28 janvier 1748 (Grandcoing); les hommages rendus au roi par Jacques-François Chapt de Rastignac en 1710, des terres de Puyguilhem et Firbeix, hommages pour les mêmes terres rendus par le défunt en 1764, de Rastignac, Clermont dessous. Contrat de mariage de Charles Chapt de Rastignac et de la dlle de Prugues (1687); une procédure et procès-verbal du 10 juillet 1652 à l’occasion du pillage, brulement et enlèvement des papiers du présent chasteau; testament de Marie de Roquart, épouse du marquis de Laxion du 19 mars 1704 (Besse); inventaire fait au château de Coupiat après le décès de Jacques-André Chapt de Rastignac, sgr desd. lieux, Firbeix. et autres places, époux de Anne du Barry, du 5 décembre 1699 (du Gadonneix); cession de la justice de Coupiat par la dame de Puyguilhem à la marquise d’Aubusson du 12 mars 1720 (Grandcoing); partage des terres de la Marthonnie et Puyguilhem, entre Gaston, Jacques, Henry et Geoffroy de la Marthonnie du 15 septembre 1571 (Pailhet); vente par M. de Marquessac au marquis de Laxion de Puyguilhem de la justice de L’incontrade de Champagnac du 13 avril 1714 (Labrousse); contrat de mariage d’Armand de la Marthonnie sgr de Puyguilhem, et de Marie de Roquart du 22 novembre 1666 (Fredurens); contrat de mariage de Jacques-François Chapt de Rastignac, chevalier, sgr de Laxion, Puyguilhem, Villars et Milhac, avec Françoise Chapt de Rastignac, dlle de Firbeix du 9 avril 1709 (Andrieu); vente par le sgr de Roffignac de Saunat père et fils, à la marquise de Laxion, de la terre de Monchapeix du 19 janvier 1743 (Lacongerie); un terrier de Puyguilhem fait en 1573 par Delapierrc notaire.

    La bibliothèque renferme 64 volumes de piété et 41 ouvrages d’histoire ou généalogie : Mezeray, Le Ragois, Varillas, le P. Anselme, etc.

    Dans deux bourses se trouve une somme de 4,786 livres 4 sols; les frais funéraires, services et aumônes se sont élevés à 600 livres.

    A la suite inventaire des meubles du château de Firbeix, visite de la halle de Villars et des « fourniaux où sont les fours bannaux » de ce bourg.

    Le 7 décembre, jour de la clôture, M. de Puyguilhem évalue à 42,000 livres la valeur des meubles et cheptels inventoriés.

    (Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1896)

  • Citons un écrivain limousin dont la note sur la mort de Richard-Cœur-de-Lion se trouve à la fin de la Chronique de Geoffroy de Vigeois dans deux manuscrits de la Bibliothèque nationale.

    Le P. Labbe, qui a publié cette Chronique d’après un vieux manuscrit du château de Lastours et quatre autres anciennes copies, n’a pas cru que ce récit de la mort de Richard fût de Geoffroy de Vigeois, sans doute parce que cet écrivain, au dire de Bernard Itier, avait terminé sa Chronique en 1184; toutefois il a inséré dans le corps de cette Chronique plusieurs faits relatifs à la première croisade qui, dans les deux manuscrits de la Bibliothèque nationale, suivent immédiatement le récit de la mort de Richard, tandis qu’il a rejeté ad calcein cette note importante, comme n’étant pas de Geoffroy de Vigeois.

    Il semblerait que cette note a été écrite par Bernard Itier; en effet, dans les deux manuscrits déjà cités , elle est précédée de ce préambule que le P. Labbe a passé sous silence : « Bernard Itier écrivit, le jour de la sixième férie (le rendredi), la veille de Saint-Jean-Baptiste, que la même année mourut le roi Richard surnommé Cœur-de-Lion. Il fut enseveli avec son père dans le monastère de Fontevraud, plusieurs se réjouissant de sa mort, et d’autres déplorant cette perte. » Sur la foi de ce préambule, dom Estiennot a mis cette note au nom de Bernard Itier : Hæc scripsit Bernardus Iterii.

    « L’an de l’Incarnation du Seigneur mil deux cent moins un (1199), Richard, le roi très-courageux des Anglais, fut atteint d’un coup de flèche à l’épaule, lersqu’il assiégeait une tour d’un certain château (castrum) du Limousin, qu’on appelle Châlus-Chabrol. Il y avait dans cette tour deux chevaliers, avec environ trente-huit personnes, hommes et femmes. L’un de ces chevaliers s’appelait Pierre Brun; l’autre, Pierre Basile. Il est dit de ce dernier qu’il lança avec une arbalète une flèche qui blessa le roi. Richard mourut le douzième jour après, c’est-à-dire la troisième férie (le mardi) avant le dimanche où l’Eglise célèbre la procession des Rameaux, le 8 des ides d’avril (6 avril), à la première heure de la nuit (sept heures du soir). Pendant qu’il était malade, il avait donné l’ordre à ses soldats d’assiéger le château du vicomte Adémar, qu’on appelle Nontron, et un autre fort (municipium) qu’on appelle Piégut; ce qu’ils firent. Mais, ayant appris la mort du roi, ils se retirèrent confus. Le roi avait formé dans son cœur le dessein de détruire tous les châteaux et les forteresses (municipia) du susdit vicomte de Limoges. »

    Source : La vérité sur la mort de Richard-Cœur-de-Lion, roi d’Angleterre, de François Arbellot.

  • Photos du château de Montbrun, commune Dournazac, département Haute-Vienne.

    Janvier 2013 © Panoramio. Tous droits réservés.

  • Pierre de Montbrun, né au château de ce nom, près Châlus, dont le père, la mère et les prédécesseurs sont enterrés dans l’église du prieuré de Haultevaux, paroisse de Dournazac, était frère de Jean, Sgr de Montbrun, damoiseau, qu’il fit, étant évêque, son procureur général, son capitaine et lieutenant à Eymoutiers. Pierre se fit d’abord moine de Saint-Benoit, et devint abbé de Saint-Augustin-lez-Limoges en 1413. Il avait aussi les prieurés de Soubrebost, de Buniet et de Lascoux, et, d’après les manuscrits de l’évêché de Limoges, il devait tenir six prêtres et deux jeunes gens, c’est-à-dire deux étudiants, dans son abbaye. Cependant il n’y tenait que deux moines; l’abbaye ne valait alors que 100 livres de revenu. En 1420, il céda à ses moines le prieuré de Boyceulx pour leur vestiaire et celui de Mathazeu au diocèse de Maillezais, que le pape Clément VI avait uni à la mense abbatiale.

    Les trois États du Limousin lui donnèrent, le 25 ou le 26 décembre 1422, 50 écus d’or pour reconnaître les services qu’il leur avait rendus. Le roi Charles VII, dont il était compère, et qui l’avait nommé de son grand conseil, le chargea de plusieurs ambassades, où il gagna beaucoup. Ce prince lui donna, le 24 janvier 1426, 300 écus d’or pour tes services qu’il lui avait rendus.

    Pierre de Montbrun se disait parent du Sr de Giac, favori du roi, et, à sa considération, fréquentait la cour. Comme Ramnulphe de Peyrusae et Hugues de Reffignac se disputaient l’évêché de Limoges, lorsque, pour vider ce différend, Ramnulphe eut été transféré, en 1424, à l’évéché de Mende, et Hugues, en 1427, à celui de Rieux, grâce à la protection du Sr de Giac, et du consentement des deux contendants, Pierre de Montbrun fut porté sur le siège de Limoges le 11 décembre 1426. Dans sa bulte, datée de la dixième année de son pontificat (1427), et qu’on voit au trésor des chartes, Martin V loae en lui le zèle de la religion, la science des lettres et la pureté de vie. Par cette bulle, le pape le recommande au roi comme comnrmé dans l’êvêché de Limoges.

    La même année 1427, Pierre de Montbrun se démit de l’abbaye de Saint-Augustin. Son sacre eut lieu à Tulle il prit possession, par procureur, le 7 ou le 17 avril, et fit son entrée solennelle le 22 juin suivant. Il paya, disent les manuscrits de l’évêché, pendant quinze ans, 600 écus de pension à l’archevêque de Reims. Le 27 novembre 1438, il reçut 310 livres tournois pour la peine qu’il avait prise de répartir les subsides. En 1431 il fut invité au concile de Bâle je ne sais, dit M. Nadaud, s’il y parut.

    En 1432, un serviteur de Guy Audoin, chanoine de l’église de Limoges, accusé de crime, fut conduit dans les prisons de l’officialité de l’évêque. Le procureur du chapitre le revendiqua comme étant de sa juridiction, et t’accusé fut renvoyé devant l’official du chapitre.

    En 1432, il donna une investiture aux prêtres séculiers de la communauté de l’église Saint-Martial de Limoges.

    En 1433, Pierre de Montbrun fit la visite de son diocèse, pendant laquelle il donna la tonsure à quantité de sujets.

    Le curé de Peyrissac était accusé de sortilège celui de Saint-Éloi de Ségur était domestique au château des Cars, et plusieurs autres dans ce dernier cas; le prévôt de Beaune, quoique moine, ne savait pas lire; un vicaire parut devant lévéque, la soutane ouverte à la poitrine comme l’étaient les habits de gens de guerre il fut mis à l’amende. Les moines de Beaulieu refusèrent la visite, prétendant être seulement sous ta juridiction de l’archevêque de Bourges.

    En 1434, Pierre de Monthrun fut pris par Tandonnet de Fumel, son ennemi, capitaine du château de Chalusset, qui l’y amena et le rançonna.

    En 1435, il exposa au roi que, dans son diocèse, qui était fort grand, il y avait plusieurs abbayes et prieurés conventueIs et autres qui, ayant de .rands et notables édifices, laissaient détériorer les maisons, granges et manoirs, faute de les réparer. Il notait spécialement les abbés de Saint-Augustin avec son prieuré de Soubrebost, ceux de Saint-Martin-lez-Limoges, de Solignac, d’Uzerche, de Beaulieu et de Meymac; le prévôt de Chambon, les prieurs de L’Artige, du Chalard, d’Aureil, de Salas, de Rougnac, d’Auzances et de La Celle. Par ordre du roi, il fut enjoint aux officiers royaux de saisir les revenus de ces bénificiers, et de les diviser en trois lots le premier, pour les moines qui faisaient le service; le deuxième, pour les réparations; le troisième, pour les créanciers, sans que les abbés ou prieurs en perçussent rien.

    Le 28 avril 1436, en qualité d’évêque, il défendit, sous peine d’excommunication, aux moines de Saint-Augustin-lez-Limoges de sortir du monastère sans la permission de l’abbé. Le prévôt représenta que l’abbé leur donnait cette permission une fois tous les ans au chapitre général.

    Ayant obtenu un bref du pape Eugène IV pour faire la visite dans les monastères, les églises collégiales et autres, il la commença le 28 avril 1436. Étant à Rougnac, le 30 juillet, pendant qu’il entendait la messe, Hugues de Bonneval, Jean de Peyros, le bâtard de Peyros et autres prirent ses chevaux dans le cimetière où on les promenait, les mirent en arrêt dans la forteresse, et les tinrent jusqu’à l’heure des vêpres. Bonneval vint dans l’église prier l’évéque de lui pardonner, parce qu’il avait agi par ordre de son oncle le chevalier Troulhard de Montverd, du lieu de Martro, et qu’il n’avait pu lui désobéir. Troulhard cherchait à se venger de ce que l’évêque et ses gens avaient tenu siége ou cour à Magnac dans la justice de ce gentilhomme, et que l’évéque, à ce qu’on lui avait rapporté, l’avait appelé concubinaire. L’évoque, voyant que ce n’était point de truffe, fit l’absolution des morts, admonéta quatre fois de lui rendre ses chevaux sous poyne d’excommenge donnée par escript; et, comme on ne voulut point obéir, il mit le ces ou interdit sur les églises de Rougnac, Magnac et Chataing, terres de ce gentilhomme, et défendit aux chapelains qu’ils ne se entremissent de faire aucun service divin jusqu’à ce que le déshonneur et outrage fait à l’Église et à sa personne fût réparé, et que le ces fut levé. L’évêque alla, sur d’autres chevaux, dîner à Auzances. Après le dîner, Troulhard se soumit par écrit à l’ordonnance du conseil du prélat, qu’il voulait être composé, entre autres, de l’abbé de Saint-Martin-lez-Limoges; mais celuici ne voulut point s’en mêler. La procédure instruite sans que Troulhard y voulût jamais comparaître ni se faire représenter, les arbitres le condamnèrent, par sentence du 29 avril 1437, à venir, le 3 août suivant, fête de l’invention des reliques de saint Etienne, à l’heure de la grand’messe, dans l’église cathédrale de Limoges, devant le grand autel, où il demanderait pardon à l’évéque, en présence du chapitre et des assistants, à genoux et la tête découverte; de plus, la première fois que le prélat serait à Felletin ou autre lieu plus près de celui où l’offense avait été commise, et qu’il l’aurait fait savoir à Troulhard, celui-ci viendrait pareillement lui requérir pardon un jour de fête qui lui serait indiqué, à l’heure de la grand’messe, et que le prélat lui pardonnerait. Outre cette amende honorable, le gentilhomme fut condamné à 1,000 écus de bon or, de bon poids et du coin du roi de France, payables à l’évéque au dit jour du 3 août, fête de saint Étienne, et enfin aux dépens.

    Le 3 septembre 1436, l’évêque voulut visiter le prieuré de L’Artige; mais le prieur lui représenta qu’il y avait pour cette affaire un procès pendant au parlement, et que son monastère était exempt. L’évêque lui donna trois mois pour justifier de son exemption. La même année, l’évêque permit l’établissement d’une communauté de prêtres à Ahun.

    En 1438, il envoya le prieur curé de Sardent au concile de Bâle. II se trouva à l’entrée du roi Charles VII à Limoges. Le 14 mars 1440 (vieux style), il commença la visite de son diocèse, et fit faire le reste. Il exigea exactement les droits de procuration, et lança l’excommunication contre ceux qui ne la payaient pas. Il punit quelques prêtres de mauvaises mœurs qui tenaient cabaret, et y allaient jouer aux dés. On lui en dénonce comme sorciers. Il ordonne à ceux qui avaient des vicairies d’en donner les noms, et d’en remettre les titres avec un état des rentes. Il permet de ne pas résider, et de célébrer deux fois la sainte messe. Il défend, sous peine d’excommunication et d’une amende de 30 sous, aux prêtres de Saint-Pierre-duQueyroix d’entrer dans l’église revêtus du surplis sans avoir leur capuce. Il trouve en une église, dans les boites des saintes huiles, un mélange d’eau et de vin pour servir de supplément au saint-chrême. Les arbres naissaient dans l’église du prieuré de La Tour-Saint-Austrille, les murs tombaient de tous côtés il n’y avait aucune couverture. La maison du prieuré d’Aubusson était totalement en ruine. On se révolta à Bussière-Nouvelle, et un moine eut l’insolence de frapper le barbier du prélat. Tous furent excommuniés, et l’église fut interdite.

    Par arrêt du parlement de Paris du 13 mai 14414, il obtint que l’évêque de Limoges pût visiter une fois l’an l’église de l’abbaye de Saint-Martial de Limoges quand bon lui semblera; de corriger l’abbé et ses moines des, délits et excès, et, s’il fallait, les faire mettre en prison, les suspendre ou priver de leurs offices, même les condamner à une prison perpétuelle. En faisant sa visite, il pourra y prendre le droit de procuration. En 1442, le prieur de Saint-Angel lui refusa le droit de visite, quoique l’éveque eût un indult apostolique. Celui-ci l’excommunia, et jeta un interdit sur son monastère le 18 février 1442 (vieux style).

    En 1443, il fit encore une visite dans son diocèse; mais, tandis qu’il s’appliquait ainsi à réprimer les vices, des gens pleins de malignité mandèrent au pape Eugène IV qu’il était d’une incontinence notoire à tout le monde; qu’il avait dissipé plusieurs immeubles et des meubles précieux de son évéché, ce qu’il ne cessait de faire journellement; qu’il était diffamé chez les honnêtes gens pour plusieurs crimes graves et scandaleux. Aussi, dans un consistoire secret, il fut ordonné de le citer à Rome, et l’évêque de Bresse, alors légat en France, fut chargé de s’informer secrètement de la vérité de ces accusations; de suspendre le prélat s’il se trouvait coupable, et de lui donner un coadjuteur. Mais le roi, le légat et plusieurs personnes distinguées assurèrent au pape que toutes ces accusations ne venaient que des ennemis de Montbrun, et qu’elles étaient de pures calomnies contre un homme d’une bonne réputation, pour ses mœurs et sa capacité, à la cour, chez les princes, les prélats, la noblesse et dans le diocèse. Le pape lui rendit ce témoignage en 1443, et j’ai l’original de la bulle donnée en sa faveur pour cela l’an XIII du pontificat d’Eugène IV. La même année, cet évêque excommunia le curé de Saint-Michel-des-Lions de Limoges, parce qu’il n’avait pas voulu assister à une procession.

    En 1444, faisant encore la visite de son diocèse, il donna la tonsure dans l’église du Dorat à cent trente et un jeunes gens; et il fit excommunier plusieurs curés réguliers de La Combraille, qui avaient refusé la visite.

    Il fut fort tracassé par les vicomtes de Turenne, qui le mirent même aux fers, et l’obligèrent à se racheter par une forte rançon vers l’an 1444. En 1446, 1448 et 1449, il fit encore des visites en vertu d’une bulle. On ne laissait pas en arrière les droits de procuration. Le 25 septembre de cette dernière année, dans un concordat avec la cathédrale, il est dit que, « en tant que touche l’exemption du chapitre, l’évoque ne cuida jamais être venu au contraire, et la tiendra ainsi que autrefois a promis ».

    Le cas de l’éprouver se présenta bientôt; car, en 1450, Pierre Roger, chanoine de la cathédrale, accusé d’un crime par le juge de la ville de Limoges, fut renvoyé au chapitre pour qu’il fit son procès nonobstant les protestations et poursuites des officiers de l’évêque.

    Cet évêque soutint de grands procès contre les officiers du comte de la Marche, et les excommunia parce qu’ils avaient pris des ecclésiastiques, et avaient défendu à tous leurs justiciables de plaider devant son official, usurpant ainsi, sa justice. Dans l’appel qu’ils firent, ils disent « que le prélat avait reconnu publiquement et par devant notaire, à Guéret, qu’il ne pouvait faire capturer ni ecclésiastiques ni séculiers de la comté de la Marche, ni donner des lettres de nisi, c’est-à-dire de monition ou d’excommunication. qu’un arrêt du parlement l’avait ainsi jugé ! » « Le motif qui vous fait agir disaient-ils, n’est ni le bien, ni le zèle, ni la charité, mais la soif de l’avarice pour recouvrer le trésor que vous avex perdu. Vous l’aviez extorqué par force et violence de vos ecclésiastiques et de vos diocésains. » Il prenait de l’argent pour les ordres et les institutions dans les bénéfices. On disait publiquement qu’il ne regardait pas de fort près d’où il lui vînt, pourvu que ce fussent de vieux écus, et il se défendait très mal sur cette article. De son côté, il reprochait aux officiers leur ingratitude, attendu qu’il avait donné tant de bénéfices à eux et à leurs enfants, neveux et serviteurs. On plaida vivement cette affaire devant l’official de Bourges en 1452. Je ne sais pas comment elle se termina.

    En 1451, le chapitre de sa cathédrale le fit excommunier par le doyen de Saint-Martin de Tours, commissaire apostolique. Le roi, après avoir pris Castillon et Talbot cette même année, ordonna une procession générale. L’évêque fit son mandement, et en commanda une pour aller à Saint-Martial. Mais, pour l’empêcher, le chapitre, obtint du lieutenant du sénéchal de la province une opposition à cet ordre de l’évêque. Le prélat en appela, et excommunia le curé de Saint-Michel, qui n’avait pas voulu se trouver à cette procession. Les chanoines citèrent l’évêque devant l’abbé de Grandmond, exécuteur de leurs priviléges, le firent excommunier, en firent publier la sentence, et, le jour même du synode, firent sonner le tocsin avec la grosse cloche. « J’ignore, dit encore M. Nadaud, quelle fut la fin de ces tracasseries. »

    En 1453, Pierre de Montbrun se plaignit au pape Nicolas de ce que des séculiers et réguliers de son diocèse, se disant exempts, commettaient des crimes et des injustices en vertu de leurs privilèges. Le pape commit cette même année Elie, évêque de Périgueux, pour s’informer de ces faits, et punir les coupables.

    Jean de Montbrun, dit Beauchamp, neveu de l’évêque, accompagné de ses alliés et complices, armés et ambastonnés d’armes invasibles et défendues, prirent Hugues Poloix, curé de Saint-Merd-la-Breuille, l’emmenèrent pieds et mains liés, le rançonnèrent à trois écus, et le maltraitèrent si fort qu’il en mourut peu après. Encore en 1453. l’évêque reçut des lettres royaux qui lui ordonnaient d’absoudre ad cautelam les officiers dit comte de la Marche, qu’il avait excommuniés, et, pour ne s’y être pas soumis, son temporel fut saisi; en signe de quoi on mit un panonceau fermé aux armes du roi à la porte du château d’Isle, résidence ordinaire de l’évêque, qui en fit appel.

    En 1454, Michel, évêque de Nicosie, visita en partie le diocèse pour l’évêque de Limoges, qui autorisa, le 31 décembre de cette même année, Dauphine de Chabannes, qu’il avait bénite le 10 janvier 1434, Comme abbesse de Bonnesaigne, à passer dans celle de Faremoutiers au diocèse dé Meaux, où elle venait d’être élue. Le 14 octobre de la même année 1454, t’évêque de Limoges consacra, près du portail du monastère des Ternes, un autel dédié à saint Jean-Baptiste, saint Laurent et sainte Madeleine, et il accorda quarante jours d’indulgences à ceux qui le visiteraient. L’acte qu’on en dressa fut signé Ferditi.

    Le 2 janvier 1454 (vieux style), Pierre de Montbrun sacra réglisë de Saint-Pierre-du-Queyroix en l’honneur des saints Pierre, Paul et André, apôtres. M sacra tous les autels et le cimetière, et donna des indulgences. Le parrain de cette cérémonie fut Théodore Lupi, chanoine de là cathédrale et de Saint-Hilaire et de Poitiers, curé de cette église; là marraine fut Mariotte. Ursine, femme d’honnête et prudent Jacques Bënott, bourgeois. Le 1er février de la même année, avant Pâques, l’evêque donna à son neveu Guy de Montbrun, bachelier en décrets, archidiacre de Combraille, dans t’église de Limoges, chanoine de la même église et d’AngouIême, un sceau de la cour épiscopale pour soutenir son état. Il lui permit de faire faire un autre sceau, et de les tenir ou faire tenir l’un Tulle, et l’autre à Donzenac, dont il était curé; d’avoir un chancelier, de percevoir les émoluments, de dispenser de deux bans, de permettre d’ensevelir ceux qui étaient morts de mort subite, et d’autoriser les prêtres à être parrains. La même année 1454, l’évêque plaidait avee l’abbé et les religieux de Leyter pour le droit de visite. Il plaidait aussi avec l’abbé d’Ahun Aymeric Barton, qu’il excommunia.

    A la requête du procureur du roi, Charles, roi de France, par acte daté de Bourges le 19 juin 1455, lui défendit de faire aucune levée, ni d’asseoir aucune imposition sur les ecclésiastiques de son diocèse sans le consentement des doyens et chapitre de la cathédrale, et des gens d’église du dioçèse, ou la majeure partie d’iceux. Les procès qu’il avait à soutenir et les réparations qu’il avait à faire dans ses châteaux lui avaient servi de prétexte pour imposer un écu d’or sur chaque prêtre, ce qui montait au moins à 1,000 écus, attendu qu’il y avait 1,000 prêtres. Dumoulin était donc mal informé lorsqu’il a dit (Diss, 59, c. II, Si officia, sur le mot quœrant) que l’évéque de Limoges, voulant avoir 1,000 écus d’or avait prodigué et, pour ainsi dire, confisqué les ordres, en faisant 1,000 prêtres pour chacun leur écu. La même année H55, fut sacrée l’église de SaintMichel-des-Lions. Au mois de septembre, Michel, évêque de Nicosie, sacra des autels de chapelles à Busssière-Dunoise, Maisonfeyne, Fresselines, Lourdoueix-Saint-Pierre. La Celle-Dunoise, La Cellette, Boussac-le-Bourg, Alleyrat, Bétête, Saint-Paul et l’autel de la chapelle du château de Comborn.

    Le 7 mai 1456, Pierre de Montbrun permit à un prêtre de la ville de Saint-Léonard, nonobstant les constitutions synodales, de tenir et lever sur les fonds du baptême huit à neuf fils ou Elles; signé Bordas, au collège de Limoges. La même année, l’official excommunia par aggraves quarante-sept curés qui n’avaient pas payé les arrérages des synodes, les pensions et parata, droit de la parée ou repas dû. L’évoque était vieux et infirme; car frère Michel, évoque Nyocensis de l’ordre des frères prêcheurs, fut vicaire général pour la visite du diocèse en 1456. Ce même frère Michel sacra, le 6 avril 1456, le monastère conventuel de Notre-Dame-de-la-Règle, dans la Cité de Limoges. Le compère de cette cérémonie fut prudent homme Mathieu Benoît, bourgeois du Château de Limoges, et la commère, vénérable et religieuse dame Catherine de Comborn, humble abbesse de ce monastère. On consacra de même le grand autel de cette église.

    Pierre de Montbrun fit son testament le 16 février, d’autres disent 1456 (vieux style) (le Gallia christiana nova dit le 1er mars) et il fut reçu par Dominici.

    Par cet acte, il fonde une vicairie dans l’église où il sera enterré, la cathédrale ou Saint-Martial de Limoges, au choix de son héritier ou de ses exécuteurs testamentaires, et les seigneurs de Montbrun nommeront à cette vicairie. Il fait un légat à Saint-Augustin-lez-Limoges, dont il avait été abbé, et un autre légat de 10 livres au pape. Il institue son héritier universel Guy de Montbrun, chanoine de Limoges, depuis éveque de Condom, dont j’ai parlé plus haut. Il fait ses exécuteurs testamentaires noble Gautier de Pérusse, Sgr des Cars, et Jean, Sgr de Lastours, chevalier.

    Il mourut à Isle, le 19 du même mois de février de la même année, c’est-à-dire 1457 d’après le nouveau style.

    Cet évêque avait pour armes : d’azur à la croix d’or.

    Il fit héritier vénérable Père Guy de Montbrun, protonotaire du Saint-Siège, chanoine de Limoges et curé de Donzenac, son neveu, et il prit pour exécuteurs testamentaires, Théodoric Lupi, chanoine de Limoges, et curé de Saint-Pierre-du-Queyroix; noble Gauthier de Pérusse, Sgr des Cars, chevalier, et Jean de Lastours, Sgr de Lastours, aussi chevalier. Son testament fat passé dans la chambre basse de la tour du château d’Isle, en présence du frère Jean Sigoulti, licencié in sacra pagina, de l’ordre des frères prêcheurs, et d’Aimeric, prévôt du Mas, damoiseau, capitaine de Sadran.

    Son héritier fit faire son inventaire, auquel s’opposèrent Pierre, Sgr de Montbrun, neveu de l’éveque, et le curé d’Isle, par des raisons dont une paraîtrait aujourd’hui fort singulière. Ce dernier exigeait une somme de 300 livres : 1° pour les droits d’extrême-onction qu’il lui avait administrée; 2° pour avoir, à la demande du défunt, dit les vigiles dans l’église en présence du corps; 3° y avoir passé la nuit, et chanté les exaudi; 4° pour un luminaire de cent livres de cire qu’il aurait eu si l’éveque eût été enterré dans son église; 5° pour le droit de paroissien, l’évêque ayant demeuré pendant dix ans sur la paroisse dans le château d’Isle.

    On fit cependant cet inventaire, dans lequel on trouve un mortier de velo pour no évoque, peut-être un bonnet de velours fait en façon de mortier des bancs airadis, qui se tournaient peut-être sur un pivot; sa vaisselle d’argent, qui était au château de Montbrun, et consistait en tasses, aiguières, trente-deux écuelles, des plats, douze cuillers et une fourche à bout. Il n’avait d’autres livres que ceux que la cathédrale et les couvents luiâvaient prêtés.

    Sa succession causa un procès important entre l’héritier et le successeur dans l’évêché. Ce dernier demandait 20,000 écus pour les réparations de l’évêché, châteaux, place en dépendant, au nombre de treize à quatorze (Isle, Eymoutiers, Sadran, Saint-Léonard, Allassac, Saint-Junien). Cette réclamation ne parut pas exagérée aux experts, puisque, dans le devis qui fut fait par eux en justice, ils élevèrent la somme demandée à 35,000 écus d’or, l’éveque n’ayant fait, pendant les trente-deux ans de son épiscopat, aucune des réparations auxquelles il était tenu, et ayant laissé tout tomber en ruines. On lui reprochait, en outre, un caractère rude et entier, d’avoir fait peu de grâces, d’avoir été chiche et avaricieux, et d’avoir tenu petit état, la plus haute dépense de sa maison pour un mois ne montant qu’à 60 sous et 7 deniers, quoique son évêché valût de 8 à 9,000 livres; que, par cette lésine, il avait laissé, en vaisselle d’argent, argent monnoyé ou meubles, de 20 à 22,000 écus. On ajoutait même qu’il devait beaucoup quand il mourut.

    L’héritier répondit que, pendant l’épiscopat du défunt, les Anglais ravagèrent tout le pays, démolirent les châteaux, que personne n’osait demeurer ni coucher dans la Cité de Limoges, et qu’il lui en coûta beaucoup pour expulser ces ennemis; qu’il fit, en outre, des dépenses considérables pour soutenir sa juridiction contre le chapitre de son église et celui de Saint-Yrieix, les abbés de Grandmont, Uzerche, Vigeois et Saint-Martial, l’abbesse de la Règle, les prieurs de L’Artige, du Port-Dieu et de Bort, les officiers du comte de la Marche, et on faisait monter les frais de ces procès plus de 25,300 écus.

    On répliqua à l’héritier qu’il n’avait fait enterrer son oncle que comme un simple chanoine, sans faire chanter depuis aucune messe dans l’église de Limoges, où il fut enterré, et sans mettre de pierre sur sa sépulture; que, avant cette succession, à peine avait-il vaillant cent écus et presque aucun revenu en patrimoine ou en bénéfices; que, aussitôt qu’il fut en possession de l’hérédité, il demeura sept ans à Rome y tenant grand état, fit élever son frère à la dignité de protonotatre, paya la vacance de l’éveché de Cahors, que le cardinal d’Albret, son protecteur, lui résigna, mais le père et la mère du cardinal empêchèrent l’effet de cette résignation; il paya aussi la vacance de l’éveché de Condom, que ce cardinal lui procura, et des trois abbayes de Villenauve en Agenois, Saint-Cybard d’Angoulême et Saint-Amand de Boix, des prieurés de Haultevaux ou Tavaux et de Nontron au diocèse de Limoges enfin qu’il avait fait bâtir au château de Montbrun; dépenses qu’on évaluait à plus de 10,000 écus d’or, et qui ne venaient que de cette hérédité;

    Que, si son oncle avait souffert de grands procès contre les officiers du comte de la Marche, il n’en était devenu que plus riche, puisque, à leur ombre, il imposa un subside caritatif sur tout son clergé, qui monte deux fois plus que tous les frais, et que, par accommodement, il avait tiré de ces officiers 400 royaux (ou réaux) pour ses dépens; que, si les habitants de Limoges avaient pris son neveu Jean de Montbrun, c’est que, étant logé dans l’éveché, il voulait livrer leur ville au comte de Penthièvre; que. par cette raison, ils avaient démoli son palais, et que d’ailleurs ils avaient été condamnés à 2,000 livres de dommages; que, pour sa rançon du château de Chalucet, il avait imposé sur son clergé un autre subside caritatif qui le dédommagea au triple; qu’il avait eu 900 royaux de l’abbé de Saint-Martial, 250 écus de l’abbaye de la Règle. Par accommodement, l’héritier donna 1,600 livres pour les réparations.

    Le procureur du roi en la sénéchaussée du Limousin, en vertu de certaines lettres, fit saisir tout le temporel de l’éveché, les châteaux et forteresses en dépendant, et y mit des commissaires. Le chapitre de la cathédrale s’en plaignit au roi, et exposa qu’il était de fondation royale que, de toute ancienneté, il était en possession d’avoir, pendant la vacance du siège, le gouvernement de l’évëché tant au spirituel qu’au temporel; que, dans cette église, il n’y avait aucun droit de régale. Le roi écrivit au sénéchal du Limousin ou à son lieutenant d’appeler son procureur, et, l’exposé étant vérifié, de laisser jouir le chapitre de ses droits. La lettre est datée de Lyon sur le Rhône le 6 mars.

    Source : Nobiliaire du diocèse et de la généralité de Limoges, d’André Lecler.

  • La dévotion du Temple s’exprimait dans sa participation parallèle au pèlerinage de Notre-Dame de Sardenay, dont Burchard de Strasbourg se fit l’écho dès 1175 en concurrence avec un manuscrit sinaïtique exhumé récemment par Daniel Barraz. Un manuscrit éthiopien du XVe siècle témoigne du rayonnement œcuménique de cette abbaye melkite, située à 25 km au nord-est de Damas. L’endroit abritait au Moyen Âge une icône suintante, popularisée en 1186 à travers le récit de pèlerinage des chevaliers Guy Chat et Aymeric Brun, qui auraient obtenu quelques gouttes d’huile d’un templier récemment libéré des geôles damascènes. Le précieux liquide glané par Gauthier de Marangiers aurait fini dans l’église du prieuré d’Altavaux, fondé par Aymeric en 1178. Ce récit de translation est le premier à tenter de retracer l’histoire de cette icône vénérée par les musulmans et les chrétiens de Syrie lors de l’Assomption et de la fête de la Nativité de la Vierge. Une ascète de Saydnaya aurait demandé selon la légende à un marchand de lui rapporter une icône hiérosolymitaine de la Vierge, subitement animée de paroles durant le voyage. Le marchand n’aurait pas eu d’autre choix que de respecter sa promesse, une fois arrivé dans le village. Vénérée en secret dans un souterrain de Saydnaya, l’icône se serait recouverte de chair en laissant échapper de sa poitrine une huile liquide, prenant une couleur rose en séchant.

    Source : L’ordre du Temple en Terre Sainte et à Chypre au XIIIe siècle, de Pierre-Vincent Claverie.

  • Le château de Montbrun, dont certains affirment que c’est là que fut tué Richard Cœur-de-Lion et non devant Châlus, possède sa légende. Incendié, détruit par les batailles, ce château doit son éternelle renaissance à la Dame de Montbrun : celle-ci, lors de chaque désastre, appelle deux mules qui ramènent alors d’un bois voisin un trésor caché soigneusement et permettent la reconstruction. Ainsi serait née la devise de Montbrun : “Il était, il est, il sera !”.

    Source : Les histoires extraordinaires de mon grand-père, de Christian Pénicaud.

  • Il n’existe aucune liste imprimée des prieurs d’Altavaux. La suivante est due à M. de Rancogne.

    1253. — Pierre de Saint-Macaire : Petrus de Sancto Macario.
    1256. — Arnaud : Amaudus.
    Vers 1258. — Bernard : Bernardus.
    Vers 1260. — Pierre Brun : Petrus Bruni.
    1266. — Arnaud : Arnaldus.
    1270. — Etienne : Steplwnus.
    1308. — Aimeri de Bussière : Aimericus de Buxeria.
    1314. — Pierre Brun : Petrus Bruni.
    Entre 1378 et 1393. — Geoffroy : Oaufridus.
    Avant 1546. — Jehan de la Roumagière.
    1573. — Jehan de Prahec; prit possession le 23 février de cette année.
    1579. — Jehan Charretier, encore mentionné en 1584.
    1605. — Le prieuré d’Altavaux est réuni au collège des Jésuites de Limoges.

    Source : Documents concernant le prieuré d’Altavaux, 1178-1695, d’Alfred Leroux.

  • Madame Claire-Madeleine de Lambertie, épouse de Villemain

    Guillotinée le 27 mars 1794

    Le jeudi 27 mars 1794 (7 germinal an II), au nombre des victimes du tribunal révolutionnaire qui périrent sur l’échafaud, se trouvaient deux nobles femmes originaires de notre province, l’une religieuse carmélite, dont la notice biographique précède, l’autre, Madeleine de Lambertie, femme de Villemain, à laquelle nous consacrons ici quelques lignes.

    La famille de Lambertie, originaire du château de ce nom, placé sur la limite même du Limousin et du Périgord, dans les paroisses de Dournazac et de Miallet, a forme la branche de Marval (canton de Saint-Mathieu, Haute-Vienne), à laquelle appartient Claire-Madeleine de Lambertie. Son père, Jean, comte de Lambertie, chevalier, seigneur de Marval en partie, la Chapelle Saint-Robert, etc., épousa, en secondes noces, à Montluçon, le 13 juin 1747, Elisabeth-Aimée Alamargot de Fontbouillant. De ce mariage sont nés : 1° le 12 avril 1748, Claire-Madeleine (1), 2° le 22 avril 1750, Pierre-Michel; 3° le 9 avril 1755, Emmanuel.

    Claire-Madeleine de Lambertie, épousa par contrat passé à Paris le 20 septembre 1770, et le 10 octobre dans l’église de Saint Honoré, messire Nicolas-Pierre-Elisabeth Geoffroy, comte de Villemain, seigneur du Mesnil, d’Ordoux, etc., fils de messire Antoine-Pierre, Geoffroy, écuyer, seigneur de Vandières, etc., conseiller, secrétaire du roi, et de Madame Marie-Marguerite Elisabeth-Françoise de Cuisy de Fey.

    Nous avons une lettre dans laquelle elle annonce son mariage à son oncle.

    « Le 30 août 1770.

    Mon cher oncle,

    L’intérêt que j’espère que vous avez la bonté de prendre à ce qui me re garde et ce qui peut m’être avantageux, ne me laisse pas douter que vous voudrez bien donner votre consentement pour un mariage dont il est question, qui est des plus avantageux. Je vous aurais écrit plus tôt, mais le mariage était si indécis que j’ai cru qu’il fallait le laisser ignorer. Mais actuellement on n’attend que votre approbation pour le faire. C’est un jeune homme habi tant Paris, qui jouit d’une fortune aisée, et qui jouira dans peu de 80.000 livres de rente. Le parti est assez bien quant à la naissance. Un ancêtre était secrétaire du roi. Lui compte se mettre au service, il a des titres exigés, il se nomme comte de Villemain. Je ne pouvais pas espérer, avec deux cents livres de rente, épouser quelqu’un de riche et de grande maison. Comme je suis lasse de manquer des choses les plus nécessaires et d’être à la misère, je me suis déterminée, et j’espère que vous l’approuverez.

    …. En attendant de vous celle grâce, comme celle de me rendre par la suite plus de justice et de ne pas douter des sentiments respectueux avec les quels j’ai l’honneur d’être votre humble et très obéissante servante.

    Votre nièce, Lamberty.

    Oserai-je vous prier d’être mon interprète auprès de ma tante et de lui faire agréer mes hommages, en lui faisant part de mon mariage. »

    Après son mariage elle continua à habiter Paris. Le comte de Villemain y possédait un hôtel place Vendôme, no 2, où il recevait souvent les membres de la famille de Lambertie. C’est à Paris qu’elle fut arrêtée puis traduite au Tribunal révolutionnaire. Elle était accusée : 1° d’avoir favorisé l’émigration de ses frères, Pierre-Michel de Lambertie, ci-devant colonel au régiment de Normandie, et Emmanuel de Lambertie sous-lieutenant réformé des gardes du corps; 2° d’avoir entretenu une correspondance avec eux; 3° d’avoir soustrait à la confiscation l’argenterie de la famille de Polignac, avec laquelle elle était liée, et même de celle du comte d’Artois.

    Elle niait d’avoir fourni de l’argent à ses frères pour leur émi gration; elle avait reçu d’eux des lettres et elle avouait qu’elle leur en avait adressé quelques unes pour les détourner de lui écrire. Elle avouait encore qu’elle avait reçu en dépôt de l’argenterie de Polignac, et qu’elle l’avait cachée dans une chambre murée pour la soustraire au pillage, ignorant d’ailleurs qu’il y en eut aussi du comte d’Artois. Mais ce qu’elle avouait était bien plus que suffisant pour entraîner sa perte (2).

    Après que le sanguinaire tribunal eut prononcé la peine de mort contre madame de Villemain, elle fut ramenée en la compagnie de la carmélite de Saint-Denis, avec laquelle on allait la conduire à l’échafaud. C’est en sa compagnie, et peu d’heures avant leur exécution, qu’elle écrivit les lettres suivantes :

    Dernières lettres de Madame de Villemain, née Madeleine de Lambertie.

    « Ne pleurez pas votre fille, chère maman; elle est morte digne de vous, elle vous a aimé jusqu’à son dernier soupir. Vivez, conservez-vous et priez pour elle.

    Adieu, mon dernier soupir sera pour vous.

    Lambertye de Villemain.

    A la citoyenne Lambertye à Montluçon, par Moulins (3). »

    Ces lignes si simples et si émouvantes ont été écrites par la compagne de malheur de sœur de Chamborant, pendant les suprêmes minutes que les deux femmes passèrent ensemble dans la salle des morts, avant l’horrible toilette et le départ sur les charrettes du bourreau. Elles méritent d’être citées pour faire connaître l’état d’esprit de cette victime se préparant à la mort, et aussi pour souligner l’atroce insensibilité de Fouquier-Tinville qui, loin de faire parvenir la lettre à Mme de Lambertie mère, l’a gardée dans ses papiers. Aussi cette lettre, comme les 53 autres, comprises dans le même carton, n’a été connue de personne. C’est donc plus d’un siècle après le jour où elle a été écrite que, grâce aux recherches de M. P. Gaumy aux Archives Nationales, nous pouvons la publier.

    Les lettres suivantes nous montrent quels étaient ses senti ments et son affection pour les membres de sa famille et pour les personnes de son entourage, mais personne n’a eu la consolation de les lire, puisqu’elles ont toutes été retenues par Fouquier Tinville.

    « Je soussignée, prie le citoyen Villemain, mon mari, de payer au nomme Francois Lhomme, mon laquais, la somme de huit cents livres pour les soins et bon services et fidélité à mon service, et pour le dédommager de sa déten tion dont je suis cause. Je lui fais don et présent comme dédommagement.

    A Paris, ce 6 germinal l’an deux de la République (26 mars 1794).

    F. Villemain. »

    « Pour Francois Lhomme, mon laquais, celui qui est malade (4).

    Je soussignée prie le citoyen Villemain, mon mari, de payer en mon acquit à la citoyenne F. Petitfrère, garde, la somme de cent livres pour les soins et bons services qu’elle m’a rendus pendant ma maladie, dont je lui fais don et présent.

    A Paris ce 6 germinal de l’an deux de la République (26 mars 1794).

    F. Villemain. »

    « Pour la citoyenne Petitfrère, garde (5).

    Je reçois à l’instant l’ordre de monter au tribunal, Il est dix heures du soir; å peine je puis me soutenir. Mais comme ce qui est à la justice des hommes est incertain, je désire que vous sachiez que j’ai pensé à vous dans mes derniers moments, et que je terminerai ma carrière en cet effet, que je n’ai aucun tort à me reprocher et que le vœu de mon cœur a été, et est, de vous savoir heureux. Je vous demande en grâce de remplir les petits engagements que j’ai pris envers ceux qui m’ont servi et envers mes domestiques. Vous êtes trop honnête pour me refuser. Ce n’est pas un testament; on en fait plus; mais c’est une grâce que je vous demande; je leur ferai remettre chacun un bon.

    Adieu, mon ami, je ne puis regretter la vie, puisque vous avez osé me rendre justice. Soyez heureux, pensez quelquefois à moi.

    Lambertye de Villemain. »

    « Je vous déclare que je dois, il y a quelque temps, 6,000 livres au citoyen Jumilhac, qu’il m’a prétées et dont je lui ai fait un billet. La citoyenne Ferrière me donnera la note de ce que je lui dois. Elle est remplie de probité, vous la connaissez. Je dois 400 livres à Lenormand, marchant d’étoffes. Voilà toutes mes dettes. La citoyenne m’a cautionnée le billet du tapissier; il est de mille écus et vous avez les meubles.

    Au citoyen Villemain, rue Ferreti (6).

    Je prie le citoyen Villemain, mon mari, de donner à la citoyenne Louise, in firmière, la somme de cent francs pour les soins qu’elle a pris de moi, dont je lui fais don.

    A Paris, ce 6 germinal l’an deux de la République (26 mars 1794).

    F. Villemain. »

    « Pour la citoyenne Louise (7).

    Je soussignée prie le citoyen Villemain mon mari de payer à Adeline, ma femme de chambre, la somme de six cents livres et cent francs pour son voyage, comme indemnité de l’avoir fait venir de cent lieues, isolée, à Paris. Je lui fais don et présent de cette somme.

    A Paris ce 6 germinal an deux de la République (26 mars 1794).

    F. Villemain. »

    « Pour Adeline, ma femme de chambre (8).

    Je soussignée prie le citoyen Villemain, mon mari, de payer au nommé Langlois et à sa femme la somme de chacun cinq cents livres pour les bons soins qu’ils m’ont rendus pendant ma détention, dont je leur fais don et présent.

    A Paris, ce 6 germinal l’an deux de la République (26 mars 1794).

    F. Villemain. »

    « Pour Langlois, mon cuisinier (9).

    Je soussignée prie le citoyen Villemain, mon mari, de payer à la nommée Guillot, mon ancienne bonne, la somme de six cent livres pour les soins qu’elle m’a rendus dans mon absence, dont je lui fais don et présent.

    A Paris ce 6 germinal de l’an deux de la République (26 mars 1794).

    F. Villemain. »

    « Pour la citoyenne Guillot, femme de chambre de la citoyenne Lambertye, à Montluçon (10).

    J’ai senti comme je le devais, le prix de vos soins, mon cher concitoyen, et j’emporte au tombeau une reconnaissance immortelle. Ne me pleurez pas, mais faites-moi le plaisir d’accepter le bon ci-joint, et de faire remettre exactement toutes les lettres et bons ci-joints. J’écris avec peine, mes facultés sont anéanties, mais mon cœur existera jusqu’au dernier moment, occupé de tout ce qui m’est cher et vous êtes du nombre.

    Soignez Mme de Saint-Serren, je n’ose lui écrire, mais dites lui que je l’aime; si je cesse d’être, gardez lui mes confitures… (trois mots illisibles) provisions. Adieu.

    F. Villemain (11). »

    « Je soussignée, prie le citoyen Villemain, mon mari, de payer à mon acquit au citoyen Boillard, officier de santé, la somme de deux mille livres pour les soins et bons services qu’il m’a rendus pendant ma maladie, dont je lui fais don et présent.

    A Paris ce 6 germinal l’an deux de la République (26 mars 1794).

    F. Villemain (12). »

    « J’ignore, ma chère amie, quel sera mon sort. On m’avertit ce soir pour monter demain au tribunal. A peine puis-je me soutenir. Je veux que vous sachiez que vous avez été pour mon caur la préférence perpétuelle, que mon dernier soupir sera pour mon amie et mes malheureux parents. Je ne vous parle pas de tout ce que je vous dois; mon mari sera assez honnête homme pour payer mes dettes. Hélas ! Je n’ai ni la force, ni les moyens à peine d’écrire. Ah ! mon amie, que j’ai souffert ! Que je vous aimel je vous embrasse ainsi que vos enfants et nos amis communs. Ne m’oubliez pas.

    F. Villemain.

    Priez pour moi. A la citoyenne Ferrière, rue Barbette, au Marais, n° 4, à Paris (13). »

    Bien entendu, aucune de ces lettres n’est parvenue à son adresse, Fouquier-Tinville a tout gardé. La mère, le mari, l’amie, les serviteurs de Mme de Lambertie-Villemain ont toujours ignoré ses derniers vœux et ses dernières pensées. Le carton des Archives Nationales qui contient ces lettres n’est pas encore inventorié.

    Claire-Madeleine de Lambertie épouse de Villemain, fut menée à l’échafaud et guillotinée sur la place de la Révolution, avec Marie-Catherine-Gabrielle de Chamborant, le 27 mars 1794.

    Notes :

    (1) L’an mil sept cent quarante-huit, est née et a été baptisée Claire-Madeleine Lambertie, fille légitime de Messire Jean de Lambertie, chevalier, seigneur et comte de Lambertie et de l’ordre de Saint-Louis, ancien capitaine du régiment royal de Poitou et de Madame Elisabeth-Aimée Alamargot de Fontbouillant, son épouse. Le parrain est Messire Gilbert Alamargot de Fontbouillant, chevalier, seigneur de Quinsaines, et la marraine est Mlle Claire Madeleine Dorsan, fille de M. le baron Dorval, absents, représentés par Gilbert Chatron, qui n’a su signer, de ce enquis, et par Catherine Chabra, soussignée. (Registres paroissiaux de Montluçon).
    (2) Wallon. Histoire du Tribunal Révolutionnaire, tome III, p. 77.
    (3) Arch. Nat. Série W 1a. Carton 134. Liasse A. Pièce 25.
    (4) Arch. Nat. Pièce 156.
    (5) Ibidem, W 1a. Carton 134. Liasse A. pièce 155.
    (6) Ibidem, pièce 59.
    (7) Ibidem, pièce 58.
    (8) Arch. Nat. pièce 57.
    (9) Ibidem, série 1a, carton 134, liasse A., pièce 56.
    (10) Ibidem, pièce 55.
    (11) Ibidem, pièce 49. Probablement au médecin Boillard.
    (12) Ibidem, pièce 48.
    (13) Arch. Nay. pièce 46.

    Source : Le Limousin & la Marche au Tribunal révolutionnaire de Paris, d’André Lecler.

  • Le 1er janvier 1674, Jean de Lambertie, dit le marquis de Lespinassie, fut reçu page à la cour de Louis XIV, à l’âge de 15 ans.

    Il était le fils aîné du seigneur de Marval, Léonard de Lambertie, et de sa femme Marie de Fontlebon, héritière de la seigneurie de La Chapelle-Saint-Robert.

    Il suivit la carrière des armes et entra au régiment de Tulle dont il sortit major en 1689.

    Le 11 novembre 1693, il assista au baptême de Jean de Rocquard, dans l’église de Saint-Maurice-des-Lions. Il se qualifia alors de seigneur de La Chapelle-Saint-Robert.

    Il demeurait au château de Marval en Poitou, en 1694.

    C’est lui qui afferma la forge de La Chapelle-Saint-Robert en 1697.

    Il épousa dans l’église de Claix, Marie-Rose Boisson, héritière de la seigneurie de Roullet, en 1698.

    Le 10 juin 1699, il mourut subitement et fut inhumé le lendemain dans l’église de Roullet, en présence des curés de Claix, Mainfonds, Saint-Estèphe, Aubeville, Trois-Palis, Nersac, Champmillon, Champagne, Mouthiers et d’autres.

    Sa veuve se remaria avec Jacques Goulard, dit le marquis de Vervant.

    Source : Généalogie Charente Périgord.

  • François-Louis-Antoine-Marie de Coustin du Masnadaud appartient à une famille dont un membre accompagnait Saint-Louis à la Croisade; aussi trouve-t-on dans la salle des Croisades, au château de Versailles, ses armes, qui sont d’argent au lion de sable, armé, lampassé et couronné de gueules (1).

    Elle a fourni à chaque siècle des prêtres éminents parmi lesquels on peut citer : Etienne de Coustin, prévôt d’Arnac-Pompadour en 1444; Louis de Coustin, abbé du Mont-Saint-Quentin, au diocèse de Noyon, et de Souillac en Quercy en 1506; Hugues de Coustin, tonsuré en 1526, curé d’Alat au diocèse de Sarlat, et chanoine de Saint-Germain, en Limousin, en 1557. Il est frère des deux suivants : Agnez de Coustin, prieur de Mansay vers 1555; François de Coustin, archiprêtre de La Porcherie en 1578 et chanoine de Saint-Germain; Brandelin de Coustin, tonsuré en 1605, curé de Saint-Maixent en 1627; Jean de Coustin, tonsuré en 1659, prieur de Chasseneuil en Bancon en 1665; Annet de Coustin, tonsuré en 1643, prieur du Chalard en 1653, prêtre en 1659, abbé de Fontaine-de-Bèze au diocèse d’Autun, député des Etals de Bourgogne en 1692, mort à Dijon au mois d’août 1709; Jean-Marc de Coustin, tonsuré en 1658, fut prieur de Beaubreuil et de Maubuisson, docteur en théologie de la faculté de Paris, et célèbre missionnaire. Il fut nommé à l’abbaye de Bèze le 9 novembre 1709, à la mort de son frère qui précède, et mourut lui-même le 21 septembre 1722; Jean-Charles-Armand de Coustin, qui se réfugia en Angleterre pendant la persécution, et qui aura une notice biographique.

    François-Louis-Antoine-Marie de Coustin, neveu du précédent, naquit au château du Masnadaud, paroisse de Pageas, le 25 septembre 1753. Il était le sixième des douze enfants d’Alexandre de Coustin, marquis du Masnadaud, comte d’Oradour et de Louise de Ravard de Mézieux. Pendant que sa sœur Françoise-Catherine, née le 17 septembre 1752, se faisait religieuse à Boubon, ordre de Fontevrault, deux de ses frères étaient reçus chevaliers de Malte. Pour lui, s’étant destiné à l’état ecclésiastique, il recevait l’ordre du diaconat à Limoges le samedi des quatre temps de la Pentecôte, 20 mai 1780. Il fit ses preuves de noblesse en 1782, et fut admis chanoine-comte de Saint-Claude en Franche-Comté (2).

    Lorsque la persécution commença, elle trouva le chanoine de Coustin fidèle à son devoir en repoussant le serment schismatique de la constitution civile du clergé, et lorsque la destruction des chapitres eut été décrétée, il quitta Saint-Claude et revint dans sa famille. Son frère ainé, François-Annet de Coustin, comte d’Oradour, avait épousé, en 1772, Marie-Anne de Philip de Saint-Viance, dame d’Arrênes. C’est dans cette paroisse (aujourd’hui canton de Bénévent, Creuse), qu’il se retira au château de Sazeirat, et où les autorités départementales de la Creuse le firent arrêter comme prêtre réfraclaire. C’est à tort que ces mêmes autorités l’appellent curé de Sazeirat, car ce lieu n’était pas paroisse, et que la liste des prêtres incarcérés le nommé François Coustin, prêtre de Bourganeuf.

    Le directoire du département de la Creuse, par son arrêté du 14 ventôse an II (4 mars 1794), le classa parmi les prêtres réfraclaires qui devaient être déportés sans délai (3), et le fit conduire à Bordeaux où l’on réunissait les prêtres condamnés à la déportation au delà des mers. Il fut enfermé dans les bâtiments du Petit-Séminaire transformés en prison, et il y souffrit jusqu’au 22 novembre, jour où il fut embarqué sur le vaisseau le Dunkerque (4).

    On a vu plus haut comment les trois vaisseaux, emportant à la Guyane les confesseurs de la foi, avaient abandonné leur route pour venir se réfugier à l’embouchure dela Charente. C’est là, dans leurs prisons flottantes, que nos confesseurs de la foi passèrent l’hiver déjà commencé, et qu’un grand nombre périrent de misère et de maladie. Le chanoine de Coustin fut gravement atteint du scorbut, maladie fort commune parmi les prisonniers, et cause de la mort de la plupart; il put cependant y résister, et on le compte au nombre des survivants qui furent libérés l’année suivante le 12 avril 1795 (5).

    Il revint alors dans sa famille, mais la persécution qui recommença bientôt ne l’épargna pas, ainsi que le montre le document suivant:

    Châlus, 25 vendémiaire, l’an VI de la République (46 octobre 1797).

    Le commissaire du pouvoir exécutif pour l’administration municipale de Châlus aux administrateurs et commissaire du pouvoir exécutif du département de la Haute-Vienne.

    Citoyens,

    Conformément à votre lettre du 22 courant, relativement à faire arrêter les prêtres susceptibles de déportation sur l’étendue de mon arrondissement, je n’ai pas perdu un seul instant à faire mettre à exécution les dispositions qu’elle renferme, en donnant ordre au chef de la gendarmerie d’arrêter les nommés Louis Coustin, ex-prêtre, du lieu du Masnadaud, commune de Pageas, et André Betoulle, ex-cordelier, de la commune de Lavignac, les seuls qui se soient trouvés compris dans lesdites dispositions. Lesquels ont été traduits, le jour d’hier, pardevant l’administration municipale de ce canton, où il leur a été délivré des lettres de passe à l’étranger, conformes aux modèles qui m’ont été par vous transmis, dont il résulte que ledit Coustin en a reçu une pour Berne, en Suisse, et Betoulle pour Saint-Sébastien en Espagne. Ensuite de quoi j’ai donné de nouveaux ordres au chef de la gendarmerie, pour les traduire dans la maison d’arrêt au chef-lieu du département, qui sans doute devra vous en donner connaissance, s’il ne l’a déjà fait.

    Salut et fraternité.

    Fr. Moulin De La Faye (6).

    Je ne sais comment il passa les dernières années de la persécution, et s’il s’exila en Suisse, comme l’indique la lettre ci-dessus. Pendant ce temps son frère aîné mourait en émigralion, et l’administration départementale de la Haute-Vienne faisait vendre les propriétés de sa famille.

    En 1802, au rétablissement du culte, on constate qu’il résidait tantôt à Boussac, tantôt du côté de Gorre. Mgr du Bourg, pensant lui être agréable, lui offrit en 1803 la paroisse d’Arrênes, où sa famille avait put conserver quelques propriétés. Son état de santé ne lui permit pas d’accepter, et M. Philippe Bonneaud fut nommé à sa place.

    Il se retira, avec quelques membres de sa famille, au Masnadaud, commune de Pageas, et tout le temps qu’il y resta, quoique sans titre de vicaire, ni autre, mais avec l’approbation de l’évêché, il aida beaucoup à desservir cette paroisse (7).

    Un peu plus tard, il accepta la paroisse de Pensol, au canton de Saint-Mathieu, où il était en 1811; puis fut nommé curé-doyen du Grand-Bourg, Creuse, qu’il desservit de 1814 à 1818. Il passa ensuite à la cure de Bénévent, où il devait terminer sa vie sacerdotale. En 1828, sentant ses forces diminuer et ne pouvant plus remplir les fonctions du ministère, il se retira dans sa famille au château de Sazeirat, et y mourut à l’âge de soixante-dix-sept ans, au mois de novembre 1829 (8).

    Il était aussi chanoine honoraire de la cathédrale de Limoges.

    Notes :

    (1) Nobiliaire du Limousin, tome I, 2e édition, p. 737.

    (2) Nobiliaire du Limousin, tome I, 2e édition, p. 737.

    (3) L. Duval, Archives révolutionnaires de la Creuse, p. 229.

    (4) L’abbé Lelièvre, Une nouvelle page au martyrologe de 1793, p. 189, et 340.

    (5) L’abbé Manseau, Prêtres et religieux déportés, t. II, p. 428.

    (6) Archives de la Haute-Vienne. Q. 243.

    (7) L’abbé Legros, Catalogue manuscrit des prêtres du diocèse.

    (8) Nécrologe de l’Ordo.

    Source : Martyrs et confesseurs de la foi du diocèse de Limoges pendant la Révolution française, d’André Lecler.